Bandeau
Cercle Genealogique de l’Aveyron
Slogan du site
Descriptif du site
Archéologie du Larzac, sur les pas de l’Abbé Frédéric HERMET
par Alain VERNHET, chercheur au CNRS
Article mis en ligne le 7 janvier 2006
dernière modification le 14 août 2009

Texte de la communication, donnée lors de l’Assemblée Générale, de l’Hospitalet de Larzac, du Cercle Généalogique du Sud Aveyron, le 9 septembre 2001.

Né en 1856, près de Saint-Izaire (Aveyron), l’abbé Frédéric Hermet fut nommé curé de la paroisse de l’Hospitalet-du Larzac en 1894. Il y exerça son ministère jusqu’en 1934 et, parallèlement à ses activités religieuses, il développa sa curiosité archéologique pendant quarante ans sur tout le Sud du Rouergue. Ses travaux les plus célèbres aujourd’hui concernent les découvertes de statues-menhirs préhistoriques et la fouille des ateliers de potiers gallo-romains de la Graufesenque (Millau). Mais Frédéric Hermet a également réalisé de nombreuses recherches historiques et archéologiques sur le Causse du Larzac et les vallées voisines. On lui doit le signalement et l’étude de plusieurs dizaines de sites gallo-romains ou médiévaux. C’est ainsi qu’il fut le premier à explorer, au nord de l’Hospitalet, les habitats de la Vayssière, en bordure de la voie romaine de Millau à Lodève. C’est encore lui qui réalisa les premières fouilles de fours gallo-romains destinés à la réduction du minerai de fer dans la grotte de la Reynelle, près des Liquisses. Pour le Moyen Age, ses précieuses recherches sur les Bénéfices du Diocèse de Vabres l’amenèrent à reprendre l’histoire de plusieurs églises perdues dans la campagne. Il s’intéressa, bien sûr, aux ruines de Saint-Etienne (commune de Sainte Eulalie), qui fut la première église paroissiale de l’Hospitalet, et il détruisit justement l’hypothèse de ceux qui voulaient y voir le siège de l’antique évêché d’Arisitum. A Saint-Amans-du-Larzac, il attira l’attention sur les dévotions populaires autour de cette chapelle abandonnée dans les bois de la Crémade. Dans le vallon de Boundoulaou (Creissels), il eut l’extraordinaire intuition de situer l’église de Saint-Martin-de-Pris où Raymond VII, le dernier Comte de Toulouse, rédigea son testament avant de mourir à Millau en 1249. D’autres érudits proposaient de rechercher cette église sur le Larzac ou près de Rodez : le hasard a voulu qu’elle puisse être dégagée et identifiée en 1981, à l’endroit même ou Frédéric Hermet l’avait pressentie. C’est en suivant les pas de l’abbé Frédéric Hermet que ses successeurs peuvent aujourd’hui dresser un tableau complet de l’archéologie du Larzac. Fermes, villages, cimetières, routes et enceintes fortifiées permettent de cerner les conditions d’un développement économique fondé sur l’agriculture et l’élevage, l’artisanat du métal et le commerce avec le littoral méditerranéen. Grâce à la fouille des sanctuaires de Pech-Caut, du Pas de la Selle, de Sargel, du Rajal del Gorp et de l’Ourtiguet, on connaît avec précision certaines pratiques religieuses originales des périodes gauloises et romaines. Et c’est encore sur les pas de Frédéric Hermet que furent fouillées deux-cent-cinquante tombes de la nécropole gallo-romaine de la Vayssière, avec, en particulier, celle de la druidesse Severa Tertionicna, qui conservait une lettre de près de soixante lignes en langue gauloise - le plus long document celtique connu à ce jour en Europe.

Alain VERNHET