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Cercle Genealogique de l’Aveyron
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Canton de Saint-Affrique
Versols et Lapeyre
Article mis en ligne le 27 novembre 2011
dernière modification le 3 juillet 2016

par Suzanne BARTHE

VERSOLS ET LAPEYRE est une commune de la région Midi-Pyrénées, département de l’Aveyron, arrondissement de Millau, canton de Saint-Affrique. VERSOLS ET LAPEYRE est à une altitude de 372 mètres. Sa superficie est de 27,95 km².La commune, qui compte 437 habitants (les Versolais et les Lapeyrois… Les Verpeyrais), est constituée de deux villages, mentionnés dès le Xe siècle. Cette commune est située dans l’agréable vallée de la SORGUES.

Versols, vue de l’Eglise

Une fois n’est pas coutume, avant d’évoquer le passé historique et les monuments remarquables de VERSOLS et LAPEYRE, nous débuterons notre propos par ce que l’on pourrait qualifier de « fait divers »… « Lorsque le romantisme s’invite dans la vallée de la Sorgues »

En effet, nous ne pouvons évoquer VERSOLS & LAPEYRE sans évoquer Lord BYRON… Pourquoi me direz-vous parler de l’une des plus grandes figures du romantisme, de l’un des plus illustres poètes de l’histoire littéraire de langue anglaise à propos de VERSOLS et LAPEYRE ? Tout simplement parce que le cimetière de LAPEYRE abrite la tombe de sa fille… Revenons un instant sur la vie tumultueuse de notre poète, qui naquit à Londres le 22 janvier 1788 et mourut, en Grèce, à Missolonghi, le 19 avril 1824.. Ce sont ses poésies mélancoliques et bien souvent autobiographiques qui le rendirent célèbre… mais c’est surtout sa relation incestueuse avec sa demi-sœur qui a particulièrement choqué l’Angleterre georgiene, le contraignant à l’exil…

Elizabeth Medora LEIGH-BYRON, dont la tombe se trouve dans le cimetière de LAPEYRE, vit le jour le 15 avril 1814. Elle était la troisième fille d’Augusta LEIGH, et bien que portant officiellement le nom du mari de sa mère (le Colonel George LEIGH), nul n’ignorait qu’elle était le fruit de la relation incestueuse d’Augusta et son demi frère… Et Lord Byron lui-même ne s’en cachait pas…. Le second prénom de l’enfant : « Medora » était celui de l’héroïne du poème de Byron : « Le Corsaire », poème écrit durant les trois semaines de janvier 1814, pendant lesquelles Byron et Augusta (enceinte) furent bloqués par la neige à Newstead Abbey... Ainsi que nous l’avons dit plus haut, Byron fut contrait à l’exil, d’une part en raison de sa rupture avec son épouse Annabella MILBANKE, mais surtout en raison des rumeurs concernant sa relation avec Augusta

Enfant du scandale, Medora connaîtra un destin romanesque,

Medora

hanté sans doute par la figure d’un père à la fois maudit et héroïque… Adolescente, Medora eut une liaison avec Henry TREVANION, époux de sa sœur aînée Georgiana :. Découvrant que Medora était enceinte, elle n’avait alors que 15 ans…le colonel Leigh la plaça dans un établissement près de Londres où « les jeunes filles de bonnes familles mettaient au monde leurs enfants non souhaités  »… A Meda Vale, Medora était « prisonnière, derrière des barreaux et des portes verrouillées »…Henry « s’occupa de son évasion  » et le couple s’enfuit en France (en Normandie selon certaines sources) où Medora mit au monde un enfant mort-né (certaines sources indiquent que l’enfant aurait survécu, qu’il s’agissait d’un garçon, déclaré sous un nom d’emprunt… nous poursuivons nos recherches). L’affaire aurait pu s’arrêter là… mais Henry était très amoureux, et souhaitait à toute force un enfant de Medora… Le couple partit pour la Bretagne où ils s’installèrent « dans un vieux château en ruines près de Morlaix »… Ils vécurent là, sans notion d’argent, réduits à la pauvreté… Ils auraient utilisé durant leur exil le surnom d’AUBIN, prétendant même être frère et sœur.

En 1833, Henry et Medora vivaient semble-t-il à Carhaix. Medora se convertit au catholicisme et déclara son intention d’entrer au couvent… mais elle tomba à nouveau enceinte d’Henry…et donna naissance à une fille Marie Violette le 19 mai 1834, au lieu dit Penhoat en Plounéour Menez dans le Finistère. L’enfant fut baptisée le 21 Mai, sous le nom de « TREVANIOU (sic) Marie Violette, enfant de Henry, âgé de 30 ans, anglais, qui signe ; la mère LEGH (sic) Elizabeth âgée de 20 ans ». Marie Violette allait plus tard entrer en religion sous le nom de sœur St Hilaire. Elle décèdera en 1873

En raison de leur pauvreté et de soucis de santé, le couple dut faire appel à la famille… celle d’Henry considérant que seule Medora était la source de tous ces ennuis dépêcha un émissaire pour tenter de convaincre Henry de regagner son pays d’origine… mais il refusa… très attaché semble-t-il à Medora… néanmoins les soucis de tous ordres firent qu’ils se séparèrent définitivement en 1838. Henry mourut en Bretagne en 1855.

Médora fut financièrement et moralement soutenue durant un certain nombre d’années par la première épouse de Lord BYRON, Annabella MILBANKE, et par la seule fille légitime de BYRON, Ada Lovelace. Annabella n’avait pas caché à sa fille sa parenté avec Medora…

A la suite de tous ces revers de fortune, certaines sources indiquent que Medora se retrouva domestique à Saint Germain en Laye… D’autres sources précisent que « Medora LEIGH eut une liaison avec un officier français… qui, l’abandonna… » Tous s’accordent à dire qu’elle se lia enfin avec l’ordonnance du Général de Gramont : un ancien sergent, nommé Jean-Louis TAILLEFER. Jean Louis était né à Lapeyre le 4 Juin 1810 (baptisé le 5), fils de Jean TAILLEFER et de Jeanne GAVENQ.

Médora et Jean Louis vinrent vivre « dans le sud aveyron, une région vallonnée du sud ouest de la France, près de St Affrique et Sylvanes ».. ainsi que l’indique notre source anglaise… à VERSOLS et LAPEYRE… pays d’origine de celui qui, quelques années plus tard, allait devenir son époux, et dont elle portait le fils qui fut baptisé à Saint Affrique le 27 janvier 1846, ainsi qu’en attestent les archives du presbytère. Si le père de Jean Marie Elie TAILLEFER est bien mentionné dans l’acte de baptême comme étant « Jean Louis TAILLEFER », la mère est, quant à elle, mentionnée en tant que « MEDAURIC Elizabeth… », pas de parrain nommé, mais la marraine est « Marie AUBIN »… S’agit-il de sa demi sœur Marie TREVANION, qui est alors âgée de 12 ans ?

L’union officielle de Médora et Jean-louis TAILLEFER sera célébrée le 23 aout 1848 à VERSOLS. Le couple déclarera deux enfants : « Une fille de 14 ans enregistrée à Plouneour Menez (Finistère) et un garçon de 2 ans et demi né à St AFFRIQUE ».

La tumultueuse et courte vie de Medora, empreinte de tragique,

Plaque de Medora au cimetiére

oscillant entre la richesse et le dénuement, s’achèvera à LA PEYRE le 28 aout 1849 et Medora sera inhumée le lendemain dans le cimetière de LAPEYRE

Il serait bien sûr intéressant de remonter la généalogie de son fils Jean Marie Elie TAILLEFER, tant du côté BYRON que du côté TAILLEFER… mais ceci est une autre histoire…

Addendum

L’histoire de Medora n’a semble-t-il laissé personne indifférent tant les réactions sont nombreuses dès la mise en ligne de cet article. Si nos sources étaient anglaises, nous avons ainsi découvert qu’en France, bien avant nous, et ce dès 1927, Roger de Vivie de Régie s’était intéressé à Medora dans son ouvrage « Le secret de Byron » … mais que surtout Frédéric-Jacques TEMPLE avait enquêté pendant de nombreuses années avant de publier son livre « Le tombeau de Meroda » en 1998.

Maurice MIQUEL (qu’il en soit ici remercié) nous a fait parvenir deux articles parus dans le Midi Libre

BIRON ou les sanglots longs de l’inceste

en 1998 (signé par Maurice MENATORY) « Byron ou les sanglots longs de l’inceste »

Médora, enfant du scandale repose à LAPEYRE

en 2008 (signé par J. CROS SAUSSOL) « Médora, enfant du scandale repose à LAPEYRE »

Ces articles complètent de façon magistrale notre petite étude, et nous donnent bien sûr envie d’aller plus avant…

Voir également l’ascendance d’Elizabeth Medora LEIGH-BYRON, épouse TAILLEFER", et L4étude sur "Les enfants de MEDORA", ainsi que la Généalogie de la famille TAILLEFER (TAILHEFER) de Versols et Lapeyre, St Jean d’Alcapies et Castelnau de Levezou....


Le château de Versols

VERSOLS, le long de la SORGUES, s’illustre particulièrement par son bourg fortifié et son château (MH – arrêté du 6 juin 1988),

Versols mur d’enceinte et tour

bâti sur une proéminence de la montagne. Une haute muraille en faisait le tour et la Sorgues passait à son pied. Le château de Versols et son castrum primitif (vestiges) sont évocateurs du type de fortification utilisé du XIIe siècle au XVIIe siècle pour assurer la sécurité publique. Le château possède une façade remarquable avec une grande salle ou « tinel gothique », comportant une cheminée et des vestiges de

Versols - le bourg fortifié

peintures murales qui sont protégés.

La seigneurie de Versols,

Dans le bourg de Versols

avec son château, citée en 1132, appartenait à la famille de Roquefeuil-Versols, jusqu’au XVIIe siècle, époque où elle est acquise par la famille d’Izarn

Famille DE ROQUEFEUIL - Le premier membre de cette famille qui soit connu comme seigneur de Versols est, à la fin du XIIIe siècle, Jean Ier de Roquefeuil, seigneur de Versols, de Saint-Félix-de-Sorgues, de Cournonsec et de Mireval, lieutenant de Montpellier (en 1255 et 1266) pour Jacques Ier roi d’Aragon, il est le fils de Guillaume Ier de Roquefeuil et Ricarde de Bonvoisin. Le château fût restauré par les propriétaires actuels à partir des années 1960.

L’Armorial général du Rouergue décrit les armes de Claude de Roquefeuil (+1719), seigneur de Versols, Convertis et autres places : de gueule à une ou trois cordelières d’or

Blason des Roquefeuil de Versols

En plus de la très ancienne famille noble d’extraction chevaleresque, il existait une famille ROQUEFEUIL attestée à VERSOLS en 1578 , longue dynastie de "maréchaux à forge". Voir la Généalogie de cette famille

Dans l’état actuel de nos connaissances nous ne pouvons établir de liens formels entre ces deux familles, même si de fortes présomptions existent, basées sur le Contrat de Mariage du 30 octobre 1616 (AD 12 3E 19669 - Me Roustan Louis de Versols) - ROQUEFIOL Pol (maréchal) x Jeanne de ROQUEFEUIL.
Ce contrat fut signé dans la salle du chateau du dit lieu. Nous y apprenons également que "les futurs mariés seront tenus s’espouser, les formalités pratiquées en la religion réformée observées...
Ce contrat fut transcrit et interprété par l’Abbé VIVIER (dont nous connaissons tous le sérieux des travaux) dans les années 90.

Nous mettrons prochainement en ligne à la fois le CM original et sa transcription, afin de mieux renseigner les très nombreux généalogistes intéressés par ces familles.

S.B.


Nous noterons également à VERSOLS L’église St THOMAS .Et à l’extérieur du village le vieux prieuré de Notre Dame du Cayla et le château de Montalègre

Château de Montalegre

dont les façades et les toitures furent inscrits aux Monuments Historiques par arrêté du 17 Juillet 1978.

Versols, vue de l’Eglise

A LAPEYRE, nous noterons l’église primitive Saint-Caprais, avec notamment un tympan roman, dont les vestiges (MH par arrêté du 5.11.1928) se trouvent .dans l’enceinte du cimetière.. L’église actuelle date du XIXe, nous y noterons une belle statue de la vierge en marbre de carrare (prix de Rome)..Le Pont vieux date du XIVe. La seigneurie de Lapeyre relevait des Comtes de Rodez.

LES RELEVES DU CERCLE GENEALOGIQUE DE L’AVEYRON nous donnent les informations suivantes : « Dénombrement de 1780, total= 633 Lapeyre 278 ht - Versols 355 ht - de tout âge, de tout sexe et de toute religion »

Notes de 1782
Vers le milieu du mois de Mai 1783 il apparut une fumée comme un brouillard fort épais qui durait la nuit et le jour qui répandait une mauvaise odeur, qui faisait paraitre le soleil et la lune rouges et qui a continué jusqu’à la fin de Juillet sans cesser aucun jour. Cette fumée était en Languedoc comme ici et plus épaisse encore. Il y a eu cependant cette année une passable récolte, surtout en blés de Mars. Les vignes et les arbres de toute espèce ont aussi très bien réussis, et il n’y a pas eu de maladie, comme l’on appréhendait. Le printemps et le commencement de l’été ont été froids. Il s’est trouvé cette année deux cent soixante quatre habitants à Lapeyre et à Versols, trois cent cinquante quatre. Total six cent dix huit - 618.

Note 1783

  • Cette année le nombre des habitants de Lapeyre s’est porté à deux cent cinquante deux. Ceux de Versols à trois cent soixante quatorze. 252 - 374 = 626 Total

Note 1784

  • Nombre des habitants de Lapeyre 253, de Versols 372

Note 1785

  • Nombre des habitants de Lapeyre 253, de Versols 372

Note 1786

  • Cette année il s’est trouvé à Lapeyre, 246 personnes

Note 1787

  • Nombre des habitants de Versols 363. Lapeyre 230

En plus de VERSOLS et LAPEYRE, la commune compte les écarts suivants Le Perguis ?La Jasse, Le Causse de Nissac, Hermilix, Cinzelles, Les Tuiles, Le Mas de Baby, Le Mas de Jean Peyre, Montalègre, Le Puech Mets.

Références

  • Base Mérimée ministère de la Culture
  • Bases du CERCLE GENEALOGIQUE DE L’AVEYRON
  • Bases du CENTRE GENEALOGIQUE DU FINISTERE
  • Armorial Général du Rouergue, dressé par Charles d’Hozier en vertu de l’édit de Novembre 1696 (édition 2009)
  • Eisler Benita, Byron Child of Passion, Fool of fame
  • "Byron’s daughter : A biography of Elizabeth Medora Leigh"
    by Catherine Turney
  • "The Oxford Companion to English Literature"
    by Margaret Drabble and the Oxford University press
  • Documentation personnelle SB

Dépouillements réalisésPériodes
BMS
Versols et Lapeyre 1645/1902
Notaire
Roustand 1616/1700
Granier 1703/1735

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