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Cercle Genealogique de l’Aveyron
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La vie dans les villages et les hameaux du Camarès dans les temps anciens
Article mis en ligne le 8 mai 2020

par Suzanne BARTHE

Dans le cadre de nos recherches pour le livre de l’année « CAMARES, des femmes, des hommes et leurs racines… » ce texte du chanoine ANDRIEU (1), concernant la vie dans les villages et hameaux du Camrès, nous a semblé plein d’intérêt. Nous précisons que ce que l’on appelait « le Camarès » couvrait la zone entre le Lévézou, le Larzac, et les monts de Lacaune. La ville elle-même s’appelait alors « Pont-de-Camarès », en référence au « pont vieux » du XIème siècle qui enjambait le Dourcou. La matière étant riche pour le livre, nous ne pourrons inclure ce texte dans notre publication, mais il nous a semblé bon de vous le soumettre à tire d’information.

L’habitation –

Les maisons sont plutôt basses, rarement crépies, d’aspect pauvre et sévère. Les pièces sont peu nombreuses : une cuisine, une ou deux chambres. Au-dessus le galetas, où l’on serre le bois, la paille. Au-dessous, l’écurie des brebis et dans un coin, le logis de l’animal « de soie toujours vêtu ».

Détail curieux. Les maisons n’ont souvent pas de cheminée : un trou en forme d’entonnoir dans la toiture laisse s’échapper la fumée. Les pièces sont mal éclairées. Le verre à vitre étant encore inconnu, les fenêtres, étroites, sont garnies de toile ou de papier huilés. A la veillée, autour du grand feu qui flambe, les ménages pauvres s’éclairent avec des baguettes de bois résineux plantées dans le mur, ou avec le modeste « calèl » que nous avons connu, où brûle un peu d’huile, l’huile de noix fabriquée dans le ménage. La chandelle de suif n’apparaît que plus tard.

Le mobilier -

Le mobilier n’est guère plus luxueux. Une armoire où l’on serre les provisions ou le linge : un vieux bahut, quelquefois finement sculpté ; un pétrin, qui sert aussi de huche pour le pain.

Au milieu de la cuisine, une table robuste et solide, noircie par le temps : tant de générations s’y sont assises ! Tout autour, encadrant la table, des bancs ou escabeaux de bois. Aux poutres noircies par la fumée, les jambons et le lard. Sur les étagères, le long des murs, de robustes « miches » de pain.

Au fond de la cuisine, souvent sous l’escalier qui monte au galetas, une alcôve avec un lit, fermé par un rideau de serge à grands carreaux : les autres lits, dans les chambres ou même à l’étable, où il fait si bon dormir avec la bonne douce chaleur des brebis et de la vache…

Généralement, les familles sont nombreuses. La peur de l’enfant ne sévit pas encore. Les tempéraments sont robustes, les mœurs sont simples, le vêtement commun. Beaucoup marchent pieds nus. D’autres ont des sabots, souvent garnis de paille. Les bas de tricot inventés seulement sous François 1er, ne sont pas encore connus : tout au plus les plus délicats ont-ils des bas de drap ou d’étoffe, serge, toile. Le mouchoir n’est pas encore en usage ; inutile de dire comment on le remplace. Le linge est de bonne toile de pays, lin ou chanvre.

La nourriture -

La nourriture est simple et frugale. Sur la table, sauf peut-être au jour d’invitation, ni nappe, ni serviettes. Assiettes, plats, cuillers sont en bois (2) . En bois aussi, ou en grossière terre cuite, l’écuelle où l’on boit. Encore en terre cuite, la cruche d’eau, souvent posée sur la table ou à côté. Pour beaucoup l’eau est la seule boisson. N’importe ! On se porte bien, les enfants ont de bonnes joues, fraiches et roses.

Pourtant le vin ne manque pas : mais en beaucoup de familles, il est réservé pour les jours de fêtes. Le pain est bon et savoureux. Le bon froment n’est pas inconnu. Beaucoup cependant ne mangent que le pain bis, dont les miches odorantes, au sortir du four, viennent s’entasser sur les étagères pour les besoins de la quinzaine.

La viande fraîche est peu en usage en raison de son prix. A peine la voit-on sur les tables à Pâques et à Noël. La volaille, les œufs, le laitage, les légumes et végétaux, la bonne soupe surtout forme la base principale de la nourriture, sans oublier la réserve de porc salé, qui fut de tout temps la grande ressource des petits ménages.

La pomme de terre était alors inconnue, à sa place on avait la gesse (3), les fèves, les haricots, les lentilles, les pois. La farine d’avoine servait à faire d’excellents « gruats » : celle de blé noir ou sarrasin (4) , délayée et cuite à l’huile de noix, donnait d’excellentes « crêpes ». Sans oublier évidemment la bonne châtaigne, blanche et sucrée, qui fut toujours une des richesses alimentaires de notre pays.

(1) Camarès, mille ans d’histoire locale – A. ANDRIEU, pages 46 et suivante

(2) Assiettes, plats, écuelles se faisaient au tour et donnaient lieu en Rouergue à un grand commerce. Les cuillers en bois se vendaient 1 sou 4 deniers les deux douzaines. Ce n’est qu’au seizième siècle qu’apparut la vaisselle d’étain.

(3) La gesse est plus connue sous le nom de « pois carré » ou de « févette ». Elle est originaire d’Asie, et se cultive facilement. C’est un des plus anciens légumes secs consommés par les humains.

(4) Le blé noir ou sarrasin, importé de Perse en Espagne par les Sarrasins, d’où son nom, ne partu en France qu’au quinzième siècle.

Nous vous soumettrons bientôt les « nourritures terrestres » prévues pour notre Assemblée Générale, qui, rappelons-le, se tiendra à Camarès les 12 et 13 Septembre 2020.

Cf. http://www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1404