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Cercle Genealogique de l’Aveyron
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Le Domaine de La Cadénède au XIXe siècle.
3ème épisode - La famille BARTHE
Article mis en ligne le 10 janvier 2021
dernière modification le 23 décembre 2023

par Suzanne BARTHE

De la Cadénède-lez-Millau à Moscou et St-Pétersbourg... Emigration aveyronnaise et recherches généalogiques en Russie.

Notre propos n’est pas de présenter ici la généalogie exhaustive de la famille BARTHE, mais d’évoquer son passage au domaine de la Cadénède.

Jacques BARTHE, voit le jour au domaine de Cabrière, à Compeyre, le 16.08.1806. Fils de François BARTHE (1751-1827) et Marianne DUR (1771-1842). Jacques est le 5ème enfant d’une fratrie de huit . Il épousera, à Paulhe, le 07.02.1841, Angélique PAILHAS, issue d’une fort ancienne famille de Compeyre.

Le couple s’installe au domaine de La Cadénède en 1846. Jacques y décèdera le 22.10.1867. Il avait, la veille, dicté son testament en ces termes :

L’an 1867 et le 21 octobre à 7 heures du soir, par devant Me Régis Numa Félix Célestin Sabathier, notaire à la résidence de Millau, soussigné, en présence des témoins ci-après nommés

A comparu

Le sieur Jacques BARTHE, propriétaire et fermier, domicilié et demeurant à La Cadénède, commune de Millau.

Lequel étant malade de corps, mais jouissant néanmoins de toutes ses facultés intellectuelles ainsi qu’il est apparu à nous notaire et aux témoins par ses discours et entretiens et aussi par la manifestation précise de ses volontés, a dicté à nous notaire en présence des témoins soussignés son testament que nous notaire avons écrit au fur et à mesure qu’il nous l’a dicté, le tout comme suit

Je donne et lègue à Angélique PAILHAS, mon épouse, sans profession, domiciliée et demeurant avec moi au dit lieu de la Cadénède un quart en jouissance pendant toute sa vie de tous les biens meubles et biens immeubles que je laisserai et qui composeront ma succession à l’époque de mon décès, en quoi qu’ils consistent et puissent consister et dans quelque lieu qu’ils soient situés, sans aucune exception ni réserve pour et par ma dite épouse, faire et disposer de l’usufruit d’un quart de tous mes dits biens de suite après mon décès comme de son bien et choses propres et la dite pensant de fournir caution à raison de ce, mais à la charge de faire faire inventaire.

Enfin je donne et lègue à titre de préciput [1], avantage et hors part à Justin BARTHE, mon fils ainé, cultivateur, demeurant avec moi à la Cadénède, un autre quart en propriété de tous les biens meubles et biens immeubles qui composeront ma succession à l’époque de mon décès, sans aucune exception ni réserve : pour par mon dit fils aîné, faire, jouir et disposer d’un quart en propriété de tous mes dits biens de suite après mon décès comme son bien et chose propre.

Je révoque et annule tout précédent testament que je puis avoir fait voulant que celui ci soit le seul valable et exécuté après mon décès.

Le testament ayant achevé de dicter, il lui a été donné lecture du présent testament. Il a déclaré le bien comprendre et y persévérer, comme contenant exactement ses dernières volontés le tout en présence des témoins soussignés.

Dont acte

Fait et passé à la Cadénède dans la chambre de la maison d’habitation à côté de la cuisine sur une table placée au-devant du lit du testateur : en présence de Messieurs Alexandre RAYNAL, propriétaire, Joseph DELMAS aussi propriétaire, demeurant tous les deux à Soulobres, commune de Millau, Auguste POMMAREDE perruquier et Alexandre REFREGIER maréchal ferrant demeurant tous les deux à Millau tous les quatre français, majeurs, témoins requis et appelés aux vœux de la loi.

Lecture faite de nouveau du présent testament au testateur, en présence des témoins soussignés, le testateur requis de signer a dit ne le pouvoir à cause de la maladie qui le tient cloué dans son lit et de la grande faiblesse de son bras.

Les témoins ont signé avec nous notaire

Enregistré à Millau le 23 Novembre 1867.

Nous voyons que le fils ainé, Justin BARTHE était vraisemblablement considéré par son père comme son possible successeur dans l’exploitation du domaine de la Cadénède. Justin est alors âgé de 24 ans, au métier de cultivateur il préfèrera celui de gantier, métier très pratiqué à l’époque dans le millavois. Quand il épouse Dame Lucie MAURY (veuve d’Etienne COURTINES) en 1872 c’est cette qualification de gantier qui est stipulée dans l’acte de mariage ; il exerce ce métier depuis 5 ans, soit dès après le décès de son père Jacques. Le couple BARTHE x MAURY émigre à Moscou où naîtront leurs deux ainés en 1874 et 1876. Ils sont de retour à Millau lors de la naissance du troisième en 1879.

L’inventaire après décès de Jacques BARTHE établi le 04.12.1867, donne d’intéressantes indications tant sur la disposition du bâtiment que sur la composition du cheptel.

Ci contre la façade Est de La Cadénède. L’abbé Vivier indiquait que

"la base de la bâtisse d’entrée de la Cadénède , des années 850-950 environ sans doute, semble bien être un vestige de la première maison en dur".

"Ce bâtiment d’entrée, avec sa base plus ancienne, offre toutes les caractéristiques du domaine fortifié des années 1050-1150. La voûte y est présente. En bas absolument aucune ouverture si ce n’est la porte d’entrée que l’on barricadait solidement de l’intérieur. A l’étage deux seules petites ouvertures donnent le jour nécessaires, mais servent aussi en cas d’attaque de meurtrières aux défenseurs pour le service des archers. A l’étage supérieur, juste au dessus de la porte d’entrée, un machicoulis, sorte de balcon dont le fond présente des ouvertures qui permettent un tir plongeant des archers sur les attaquants du porche".

Au cours d’une visite dans les années 90 nous avons retrouvé un fer à marquer le bétail portant la lettre B. S’agissait-il du B des BARTHE  ? ou plus anciennement encore du B des BOYER ? Cf. épisode N° 2. http://www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1466

Au décès de Jacques BARTHE, Angélique PAILHAS devra "faire face", d’aucun diront qu’elle ne fut pas une gestionnaire particulièrement avisée. La succession ne fut réglée qu’en 1880 .

Angélique PAILHAS était née à Paulhe (Juridiction de Compeyre) le 11.07.1818. Elle avait donc 49 ans au décès de son époux et des enfants mineurs à charge. Les aînés avaient embrassé le métier de gantiers, et avaient émigré vers la Russie. Seul le cadet, Clément, âgé de 14 ans au décès de son père, demeurera à la Cadénède en tant qu’exploitant.

Angélique PAILHAS décèdera le 12.02.1891, Rue Haute à Millau.

De l’union de Jacques BARTHE et Angélique PAILHAS étaient nés neuf enfants, les trois premiers au domaine de la Garde, à Compeyre et les six derniers au domaine de la Cadénède  :

  • Angélique Joséphine BARTHE[, °10.01.1842 au domaine de la Garde à Compeyre, décèdera à Millau le 31.05.1905. Elle avait épousé le 26.07.1865 Jean Pierre DUR de St-Léons qui travaillait dans l’industrie du cuir. Le couple s’était installé à Millau, où naîtront :


     Charles Henri DUR (1862-1943) x Jeanne Clémence BRICE (1872-1960) sans postérité.
     Maria Joséphine DUR°1867 x 02.01.1891 à Millau avec Célestin Marius NOUGUIER, d’où une fille Jeanne Gabrielle NOUGUIER (1894-1980)
     Elmie Louise DUR (1871-1930) , célibataire, sp.
     Léontine Augusta DUR (1872-1960) qui épousera son cousin Raoul BARTHE le 06.11.1907 à Millau (Cf plus bas).
     Elise Gabrielle DUR (1878-1941), célibataire, sp.

Ci-dessus
photographies des époux
Angélique Joséphine BARTHE
et Jean Pierre DUR (DHUR) à Millau en 1896.

Ci-contre,
à gauche
mariage de Charles Henri DUR et Clémence BRICE
à droite
photographie des "filles DUR" :
Augusta, Elmie et Gabrielle.

  • Jacques Justin BARTHE , °21.05.1843 au domaine de la Garde à Compeyre, il décèdera à Millau le 20.04.1916. En 1867, au décès de son père, il est qualifié de cultivateur, fonction qu’il exerçait alors à La Cadénède. En fait, il optera bien vite pour le métier de gantier, à Millau d’abord, puis à Moscou.

Justin BARTHE et Lucie MAURY, photographies prises à Moscou en 1875

Jacques Justin BARTHE avait épousé le 07.06.1872 Lucie Marie Louise MAURY, fille de Pierre MAURY, Chevalier de la Légion d’Honneur et de Batilde VERNHET. De leur union naîtront quatre enfants, les deux premiers à Moscou, les deux derniers à Millau.

 Mathilde Julie BARTHE (°30.09.1874 à Moscou. Elle décèdera le 12.06.1949 à Montjau). Elle avait épousé, à Millau, le 24.07.1897 Louis CALVET, d’où Yvonne Yolande Tatienne CALVET (1910-1980) - Célibataire, sp.

 Justin Lucien Victor BARTHE (°23.06.1876 à Moscou - dcd 22.03.1952 à Millau). Il avait épousé Julie Louise LAURENS le 14.10.1905 à Millau. D’où : Annette BARTHE (1906-2006) et Jeanne BARTHE (1908-2007).

 Raoul Joseph Pierre BARTHE voit le jour le 29.09.1879, rue Sarret à Millau.
Il épouse le 06.11.1907, à Millau , sa cousine Augusta DUR, d’où un fils Serge BARTHE (1908-1997).

Raoul BARTHE prendra, à St Pétersbourg la suite de la ganterie montée par sa tante Julie BARTHE et son époux José RAFAS. La boutique était située au 66 de la Perspektiv Newski.

A gauche la boutique (signalée par une croix) et à droite Serge BARTHE à St Pétersbourg.

A l’aube de la Grande Guerre Raoul fut appelé sous les drapeaux et servit en tant qu’interprète (franco-russe) sous divers cieux. Les hostilités terminées il retrouva Millau et son métier de gantier. Son épouse Augusta, son fils Serge et sa belle sœur Gabrielle ne rentrèrent de Russie qu’n 1918 après bien des péripéties.

Après une vie bien remplie, Raoul BARTHE décèdera le 01.03.1962 à Millau.

 Eugène Emile BARTHE (1881-1910) X 09.11.1906 avec Marie Catherine Lucie DELMAS Sans postérité.

  • Joseph Jules BARTHE (°28.10.1844 au domaine de la Garde à Compeyre). Ce troisième fils du couple Jacques BARTHE x Angélique PAILHAS sera semble-il le premier à émigrer vers la Russie où il exercera le métier de gantier. [2] Jules habite Moscou dès 1867. C’est la seule branche qui s’installera durablement en Russie, s’alliant soit à des russes soit à des membres de la communauté française. Jules épousera Alexandrina SERGUEVA ZOUEN, d’où (d’après les correspondances familiales) : Alexandre, Julie Angélique et Anna. Cf. Famille de Jules BARTHE, à Moscou en 1888.

    Nous avons effectué de longues recherches, auprès des consulats pour retrouver des membres de cette branche .

    [vert]Nous aimerions tout particulièrement savoir ce qu’il est advenu d’Alexandre BARTHE , né à Moscou vers 1880.
    Selon la tradition familiale, il vint « faire son service militaire en France », très probablement au début du XXe siècle. Dans quelle arme ? Ci-contre son portrait. Nous voyons que la photographie fut prise à Lyon et en observant l’uniforme nous sommes tentés de penser qu’il était cavalier au 7ème dragon.
    A-t-il eut de la descendance ? Si oui, en Russie ? en France ? Le mystère demeure entier.[/vert]

Nous avons retrouvé la trace de l’une de ses sœurs :

Julie Angélique BARTHE voit le jour à Moscou le 16.05.1883. Elle est déclarée "disparue" lors du mariage de son fils en 1930. Selon les sources familiales, nous la pensons décédée à Moscou le 24.12.1914. Elle avait épousé le 5 juin 1903, toujours à Moscou, un membre de la communauté française (originaire du Cantal) Jean CHANSON (°1879 - dcd après 1930) dont :

 Rose Julie CHANSON °12.05.1904 à Moscou, mariée le 16 février 1929, à Paris IIe, avec Ivan DOLGUY (°1900) dont Pierre Jean Marcel DOLGUY (°1929). En 1929 la famille CHANSON est domiciliée 4 rue Vivienne 75002 Paris. Jean CHANSON, représentant de commerce, est présent au mariage de sa fille.

 Marcel Alexandre Justin CHANSON °25.11.1905 ; décédé le 06.04.1970 à Paris 75010, qui avait épousé en premières noces le 21 janvier 1930, à Paris 75017, Marguerite Jeanne GUILLEMOTO (1886-1960), puis en secondes noces, le 16.07.1963, Elisabeth Françoise SAVARIAU (1916-1969). Marcel Alexandre Justin CHANSON était "employé de banque" en 1929 lorsqu’il est témoin au mariage de sa sœur Rose Julie.

Nous avons dans les archives familiales les deux photographies ci-contre (celle de gauche est datée d’Avril 1908) , correspondent elles à Rose Julie et à Marcel Alexandre Justin ? Les dates semblent cohérentes. La photographie de droite est plus tardive.

Nous formons le secret espoir qu’à l’occasion du présent article des descendants de cette branche se manifestent.

  • Antoine Victorin Benjamin BARTHE (°12.01.1847 au domaine de la Cadénède et décédé le 10.08.1905 à Millau). Il effectuera lui aussi un séjour en Russie, il est en 1875 à Moscou, témoin de la naissance de sa nièce Mathilde Julie, il est gantier. Il épousera, à Millau, le 08.11.1878, Victorine Julie SOLAGES. D’où : Victorin Clément Joseph (1879-1879), Victorine Julie (1881-1960), Louise (°1884). Ils occuperont la maison du boulevard de la Capelle.
  • Marie Virginie BARTHE, née le 22.06.1848 au domaine de la Cadénède. Elle épousera Pierre Justin Marius BLANC de St-Beauzely, le 09.08.1881. D’où : Justin Clément Marius BLANC, dit "Blancou"qui épousera Paule PONS, et aura deux enfants (Colette et Georges). Blancou décèdera à Gourdon le 24.08.1964.
  • Constance Joséphine BARTHE née le 08.01, et décédé le 25.01.1850 au domaine de la Cadénède.
  • Julie Rosine BARTHE née le 15.05.1852 au domaine de la Cadénède, elle décèdera à Bois Colombes (Hauts de Seine) le 03.12.1922.

Elle avait épousé un négociant d’origine espagnole, M. José RAFAS. Ils vivront à St-Pétersbourg où ils avaient créé une ganterie, dont le magasin était situé au 66 de la Perspektive Newski  [3].

Ils étaient qualifiées de "Fournisseurs du Tsar". Ils n’eurent qu’un fils unique, Jean décédé jeune. Disposant de moyens considérables, ils faisaient semble-t-il de nombreux séjours en France, notamment sur la Côte d’Azur. Ils cédèrent leur affaire à leur nièce Gabrielle DUR (qui les avait rejoint à St-Petersbourg dès la fin du XIXe et à leurs neveux Raoul BARTHE x Augusta DUR (qui les avaient rejoints vers 1908) Cf. plus haut.

  • Henri Clément BARTHE voit le jour au domaine de la Cadénède le 29.12.1853, il y décèdera le 12.101909. Il avait épousé le 11.04.1883, Flavie PUEL, dont il aura 7 enfants, tous nés au domaine de la Cadénède  :
     Berthe BARTHE (1884-1976),
     Louise BARTHE (1885-1975),
     Clément BARTHE (188-1968), Grainetier à Millau. Célibataire, sans postérité.
     Flavie Marie BARTHE, °14.11.1888 à la Cadénède, Elle décèdera à Millau le 22.04.1986). Elle avait épousé, à Alger, le 11.03.1911 Justin François Jules VIDAL, d’où Juliette Clémence Flavie VIDAL, née le 14.10.1911 à Alger. Juliette décèdera le 15.06.2006 à Millau, après avoir consacré toute sa vie à l’enseignement.
     Marthe BARTHE (1890-1890),
     Louis BARTHE (1898-1898)
     Georges BARTHE (1900-1900).

Voir ci-dessous les moissons à la Cadénde sous la houlette de Clément BARTHE grand père de Juliette VIDAL.

  • Marie Félicie BARTHE, née au domaine de la Cadénède Décès déclaré le 23.09.1859 (enfant âgée de 3 mois.

Comme nous avons pu le voir, les descendants de la famille BARTHE de la Cadénède avaient l’âme voyageuse !!!

Nous vous donnons rendez-vous le mois prochain pour la suite de l’épopée de la Cadénède...

Voir aussi http:
1er épisode : //www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1465
2ème épisode : //www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1466

Sources :
 Archives familiales de Suzanne et Lucien BARTHE