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Cercle Genealogique de l’Aveyron
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Le Monastère sous Rodez
Article de M. Jean Louis ROQUES
Article mis en ligne le 2 décembre 2006

Lorsque les ruthènes érigèrent Ségodunum (Rodez), plusieurs voies de cheminement furent construites pour relier cette nouvelle cité à certaines villes de la Gaule. Au nord la voie romaine s’orientait vers Javols, au sud elle se dirigeait vers Condatomagos (Millau) puis Lodève et Saint Thibéry. Cette deuxième voie traversa des terres qui, aujourd’hui, font parties de la commune du Monastère.

Longtemps, ces terres furent dépourvues de toute habitation. Au IXème siècle, une compagnie de religieuses de l’ordre de saint Benoît (Bénédictines) installèrent leur lieu de vie et de culte en bordure de la rivière Aveyron sous le patronage de saint Saturnin, premier évêque de Toulouse, qui devint saint Sernin en diminutif.

Filles de bourgeois ruthénois et de nobles rouergats, elles ne laissèrent pas indifférents les comtes de Rodez qui s’intéressèrent à cette communauté et leur offrirent de nombreuses terres. Le domaine du monastère Saint-Sernin s’agrandit.

L’abbaye prospéra et offrit du travail à de nombreux domestiques. Le défrichement de la vallée rendit la rivière plus accessible et intéressa les ruthénois pour y installer divers moulins et autres bâtiments artisanaux. La force motrice de l’eau permit à toutes sortes d’artisans de travailler sur ce site. La vigne se propagea sur les coteaux, depuis l’actuel quartier Antoine Palous jusqu’au moulin de la Roque ainsi que sur les flancs de Banocres. Les moulins drapiers firent la fierté du Bourg de Rodez et la comtesse Cécile (épouse de Bernard d’Armagnac) s’intéressa fortement à cette industrie.

Le fief de Saint-Sernin était né, l’abbesse en était le seigneur et percevait les divers impôts.

Au XIIème siècle, l’abbaye construisit, hors de ses murs, un prieuré dédié à saint Etienne. A la fin du XIVème siècle, de nombreux travaux furent engagés et ce prieuré devint l’église paroissiale Saint-Blaise.

Le comte Jean premier d’Armagnac décida, en 1339, de faire jeter un pont au dessus de la rivière, sur le fief de Saint-Sernin, afin de renforcer le grand chemin du Bourg de Rodez à Millau. Cela lui permit de rivaliser avec le pont de Layoule, construit quelques années auparavant, qui desservait la même destination en partant de la Cité de Rodez. Le pont du Monastère subit un élargissement au XVIème siècle et fut doté d’une croix de style gothique flamboyant. Cette voie, appelée également « cami roumiou », desservait également Saint-Georges de Camboulas, lieu de pèlerinage important au moyen-âge.

En 1420, le comte Jean IV d’Armagnac et de Rodez offrit à ce village le privilège d’être administré par des consuls et conseillers en titre. Cette concession fut confirmée en 1515 par le comte Charles d’Armagnac et signée au mois de mars 1518. la commune du Monastère Saint-Sernin était née. L’abbesse conservait malgré tout la première place dans ce village.

Les années passèrent et de nombreuses activités continuèrent de s’implanter sur le village. En 1640, vingt huit chapeliers exercèrent leur art sur la commune du Monastère. Beaucoup de ces chapeaux furent exportés jusqu’au delà des frontières du royaume. L’industrie du cuir existait déjà au XVIème siècle et prospéra jusqu’à la fin du XIXème. Aujourd’hui, la tannerie Arnal reste le symbole du glorieux passé industriel de notre village.

C’est vers le milieu du XVIIIème siècle, avec l’amélioration de la voie royale passant de Rodez par la Mouline que l’industrie monastérienne commença une longue agonie jusqu’à la fin du XIXème.

La Révolution de 1789 voulut changer le nom du Monastère Saint-Sernin lèz Rodez par Bourg la Briane. Après le coup d’état du 18 brumaire an VIII qui instaura le Consulat, le Monastère reprit son ancienne dénomination que d’ailleurs, tout le monde continuait à utiliser.

L’abbaye fut détruite en grande partie en 1793. Elle fut saisie et vendue par la nation le 25 juin 1796. Seul, le bâtiment situé le plus à l’occident fut sauvé de la destruction, il existe encore aujourd’hui.

Durant les campagnes napoléoniennes, un monastérien, Jean-Amans Biron, se distingua par sa bravoure en sauvant la vie du futur empereur et faisant prisonnier le général en chef des troupes hongroise à la bataille de Marengo. Il fut le premier aveyronnais à entrer dans l’ordre de la légion d’honneur. Sa maison est encore visible de nos jours.

Lors du coup d’état du 2 décembre 1851, qui vit l’instauration du second empire, plusieurs monastériens s’insurgèrent et furent arrêtés et exilés en Algérie. Ils ne durent leur liberté qu’à la grâce de sa majesté l’Empereur pour l’occasion de son mariage.

Aujourd’hui, le Monastère est regardé comme un faubourg de Rodez. Sa modeste superficie et sa topographie accidentée ne lui permet plus de s’orienter vers un avenir industriel. Son site traversé par la rivière « Aveyron » et le ruisseau « la Briane » lui offre des atouts incontestables et appréciés comme en témoignent la poussée démographique et les nombreux visiteurs attirés par son charme..