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La tentative de résistance au coup d’Etat de Louis-napoléon Bonaparte à Millau - 4 décembre 1851
Communication de Jean-Yves BOU lors de l’AG du CGA à Millau le 12 Septembre 2010
Article mis en ligne le 17 décembre 2010
dernière modification le 3 juillet 2016

par Jean Yves BOU

A Millau comme dans de nombreuses villes du sud et de l’est de la France, les Républicains ont tenté de résister au Coup d’Etat organisé par le président de la Seconde République, Louis-Napoléon Bonaparte.
Les archives préfectorales (série M des archives départementales) permettent de retracer cet événement historique dans le détail, et de dresser une liste des acteurs millavois, parmi lesquels les généalogistes peuvent retrouver un ancêtre ou un parent …

1 - de 1848 à 1851 : la Seconde République

En février 1848, une révolution parisienne renverse rapidement la Monarchie de Juillet de Louis-Philippe, un roi devenu très impopulaire par le durcissement politique de son régime et l’incapacité de ses gouvernements à surmonter une crise économique de plusieurs années.

Les révolutionnaires parisiens proclament la République - la seconde. Ils prennent une série de mesures qui semblent radicales à cette époque : suffrage universel masculin, abolition de l’esclavage, organisation des ateliers nationaux pour donner du travail aux chomeurs.
A Millau, la république est rapidement proclamée et c’est un notable républicain, Vincent Rozier, alors Procureur au Tribunal qui prend les fonctions de sous-commissaire, c’est-à-dire sous-préfet provisoire.
Mais aux élections législatives de mai, les électeurs choisissent une assemblée majoritairement modérée, qui change le gouvernement, nomme de nouveaux préfets et sous-préfets, et réprime les manifestations des ouvriers parisiens contre la fermeture des ateliers nationaux. La nouvelle assemblée rédige une constitution, qui équilibre les pouvoirs entre une assemblée et un président, tous deux élus au suffrage universel masculin.
En décembre 1848, les Français votent massivement pour le candidat à la présidence dont il connaissent le nom, Louis-Napoléon Bonaparte. Or il est clair que le neveu du Grand Napoléon, un aventurier ambitieux, ne rêve que de pouvoir personnel. Et son mandat de quatre ans n’est pas renouvelable.
Il s’oppose de plus en plus à l’assemblée devenue monarchiste, et commence à réprimer les républicains privés de tout pouvoir, et contraints de se réunir en secret. Après avoir tenté en vain de réformer la constitution, Bonaparte organise un coup d’Etat pour dissoudre l’assemblée, établir l’Etat de siège, et organiser une nouvelle constitution qui lui donne le pouvoir. L’opération "Rubicon" a lieu à Paris le matin du 2 décembre 1851, date anniversaire du sacre de Napoléon 1er et de la victoire d’Austerlitz.
A Paris, la population bouge relativement peu, et les tentatives de résistance sont noyées dans le sang le 4 décembre.
Dans une partie des provinces françaises, la résistance va s’allumer spontanément, ainsi à Millau …

2 - Le 4 décembre 1851 à Millau

Proclamation du maire de Millau

Millau est alors une petite ville de 9000 habitants, dominée par l’activité des cuirs et peaux et de la ganterie. Les notables sont en grande majorité partisans de l’ordre, souvent nostalgiques de la monarchie. Le reste de la population est partagée, mais il y a un fort noyau de républicains, comme en témoignent les enquêtes de la police, qui espionne les réunions politiques secrètes. En 1851, il y a environ 200 millavois qui y participent.
Les leaders républicains sont Jules Bonhomme et Lucien Marcillac. Le premier est banquier de profession, intéressé par l’agronomie, et membre de la jeune Société des Lettres, Sciences et Arts de l’Aveyron. Le second est "limonadier" place du Mandaroux. Il est alors à Rodez où se tient une réunion départementale des chefs républicains en vue des élections de 1852.
La nouvelle du Coup d’Etat arrive à Millau, via Toulouse et Rodez, le matin du 4 décembre.
Le sous-préfet Dejoux, partisan de l’ordre, donc du président, réunit le lieutenant de gendarmerie qui dispose de 6 hommes, le commissaire de police qui en a deux, le maire Aristide Rouvelet, républicain modéré qui s’est rangé derrière Bonaparte, et qui peut s’appuyer sur trois sergents de ville et la compagnie de sapeurs pompiers. Le maire convoque le conseil municipal pour 13h.
Depuis les cafés de la place du Mandarous, les républicains réagissent : ils appellent à un rassemblement à midi, envoient des hommes alerter les ouvriers dans les ateliers, essaient en vain de faire imprimer une affiche.

Commutation de peine pour Jules Bonhomme, juin 1852

A midi, 200 personnes se retrouvent place du Mandarous. Conduits par Jules Bonhomme, ils se rendent à la mairie, l’ancien hôtel de Tauriac qui jouxte le beffroi. Ils y pénètrent en nombre. Bonhomme demande au maire que la municipalité prenne part au Comité de Résistance qu’il compte mettre en place. Le maire refuse et ne veut pas donner la clé de la grande salle de la mairie. La porte est enfoncée "d’un coup de cu" par Séraphin Villaret, employé aux messageries du Vigan. La foule y entre, et quelques leaders montent sur la table pour organiser le Comité. Des ouvriers réclament des fusils qu’ils savent enfermés dans l’arsenal de la mairie, la porte est forcée et l’on se distribue 300 fusils (sans poudre ni munitions) et quelques sabres. Etienne Bernard, dit la Grandeur, se retrouve avec le drapeau dans les mains, alors que David Valez dit Fricou et Ferdinand Cambourieu récupèrent les tambours. On laisse des factionnaires à l’entrée de la mairie, et le reste de l’équipée se rend Place de la Fraternité pour organiser une sorte de Garde républicaine.
Pendant ce temps, le conseil municipal a rédigé une proclamation appelant au calme et à l’attente de la suite des événements. Il fait le tour de la ville pour la diffuser.
Les insurgés-résistants envoient une partie des hommes armés à la poudrière qui se trouve sur la route de Paris (Sévérac) au-delà du Pont de Cabre. Le but est d’empêcher que les autorités viennent prendre de la poudre. Et parallèlement, un groupe fait aussi le tour de la ville pour appeler à la résistance.
En fin de journée, les choses se sont calmées, mais l’attente des nouvelles de l’extérieur rend les Millavois fébriles. Les malles-postes qui apportent le courrier sont interceptées par les insurgés-résistants, ainsi que des gendarmes des environs appelés en renfort par le sous-préfet.
L’atmosphère se tend quand on apprend que la résistance à Rodez a échoué et que la situation n’est guère favorable aux républicains ailleurs. Le Comité, composé de notables s’opposent au désir de jeunes ouvriers de prendre de la poudre pour armer leurs fusils. Une rumeur d’incendie, quelques accrochages verbaux, et finalement à 23 heures, tout le monde abandonne son poste et rentre chez soi.

3 - Après le 4 décembre : la répression

Le lendemain le sous-préfet appelle à déposer les fusils et à rester calme. Et le procureur Pujade (qui a remplacé Vincent Rozier) commence son travail d’enquête. En quelques jours il interrogent 88 personnes, témoins et participants.
Puis, en janvier, conformément aux ordres, il dresse des dossiers d’inculpation qui seront transmis à des tribunaux spéciaux appelés Commissions mixtes, composées d’un préfet, d’un militaire et d’un magistrat. Pas de défense, pas de comparution des accusés, les peines sont fixées d’après les dossiers. Après la coup d’état, le déni de justice.
Le procureur de Millau choisit 31 personnes parmi les participants cités par les témoins. Ses critères ne sont pas entièrement justifiés par les documents. En effet, il cite des acteurs secondaires, ou des hommes qui ont tenté de calmer les plus excités, alors qu’il n’inculpe pas certains leaders. Ses dossiers sont divisés en deux groupes : 14 "plus coupables" pour lesquels il requiert "Algérie plus" soit dix ans de bagne et 17 "moins coupables" pour lesquels il demande "Algérie moins" soit cinq ans de bagne. Le réquisitoire de Pujade est donc très dur. Les inculpés sont les trois leaders, Jules Scipion Bonhomme, Antoine Tarayre et Joseph Maury, qui ont excité à l’insurrection, et ceux qui sont allés dans les ateliers appeler au rassemblement ; d’autres "dangereux", "méchants" et "ardents démagogues" qui ont commandé des escadrons d’insurgés, en particulier les chefs de poste à la poudrière, et ceux qui, arme à la main, ont fait front aux autorités établies. Mais sont également inculpés le porteur de drapeau, les tambours, et des éléments modérateurs qui ont le tort d’être républicains de longue date (Valhibouze, Decombis, Rozier). Quant à Villaret, il n’aurait pas dû se vanter de son "coup de cu" !
Parmi ceux qui échappent à l’inculpation on peut citer Veyrié, dénoncé plus tard, E. R. et L. A. qui ont bien coopéré avec la justice, mais aussi Emile Michelet, Alexandre Pougens, Maurice Cure, Solassol, fervents républicains au comportement modéré.
La commission mixte n’a pas entièrement suivi le réquisitoire, mais a condamné tous ceux qui avaient été inculpés par le procureur.
Entre temps, le plébiscite donnant les pouvoirs constitutionnels au président a recueilli une majorité écrasante, puis l’Empire a été proclamé, le 2 décembre 1852.
Peu à peu les peines sont commuées et les inculpés sont grâciés. Les derniers rentrent en 1853 à Millau. La plupart resteront très hostiles à l’Empire, ainsi que la population ouvrière millavoise, au contraire des notables et des paysans. La revanche viendra avec le chute de Napoléon III en 1870 et l’avènement de la IIIe république. Finalement, en 1881, deux ans après la victoire totale des républicains aux élections, une loi proposera d’indemniser les survivants et leurs famille.

LISTE DES 31 INCULPÉS ET CONDAMNÉS DE DÉCEMBRE 1851

Entre guillemets, jugements du procureur de la république Pujade

Cette liste a été constituée à partir des dossiers établis par le procureur Pujade fin 1851 et début 1852 (A.D., 1M783). On y trouve une fiche sur les antécédents et la participation aux événements, et un jugement personnel du procureur. Cette fiche est parfois accompagnée de l’interrogatoire (si l’inculpé a déjà été arrêté) par le juge d’instruction Louis Etienne Amédée DESCURET, juge d’instruction (REYNES greffier en chef). Figure aussi les casiers judiciaires. Quelques dossiers sont accompagnés d’autres documents (certificats divers).
Les premiers éléments biographiques des notices (marié, nombre d’enfants) concernent donc la situation du prévenu fin 1851. Entre guillemets, on cite les jugements du procureur de la république Pujade.
La liste a été complétée par des recherches dans l’Etat civil de Millau et le recensement de 1851 (CGA et archives municipales) et le dossier d’indemnisation des victimes du 2 décembre 1851, établi en 1881 (A.D., 1M793).
La difficulté réside dans le fait qu’aucun document ne dresse de façon certaine un état des peines réellement vécue par l’ensemble des inculpés.

1 - "les plus coupables" (requête : "Algérie plus" = 10 ans de bagne en Algérie)

BARASCUD dit Poigna, Jean Louis Clément, 31 ans en 1851, né à Millau le 14/02/1821, ouvrier gantier, marié un enfant, habite rue de Rodez (n°2368 du recensement de 1851), voisin de Jules Bonhomme.
Arrêté après le 24/01/1852. Interrogé le 4/02/1852, il nie une partie des accusations.
Selon procureur, il n’est pas politique mais "à ranger dans la classe de ces individus pervers qui sont acquis de droit à toutes les émeutes et qui marchent toujours à la suite des fauteurs d’anarchie", suivent les chefs et les secondent auprès de la classe ouvrière.
On dit qu’il a été légitimiste, homme très dangereux et méchant.
On lui reproche d’avoir pris une arme, et d’avoir été chef de poste à la poudrière, dirigeant une escouage de 16 hommes armés. Il intervient au passage de la voiture des messageries du Midi et de l’Auvergne, et de celle de l’Aveyron et des Cevennes, et aurait fait arrêté un gendarme.
Condamné à la déportation en Algérie. Les sources ne sont pas absolument claires pour savoir s’il a été réellement "transporté" en Algérie ou si sa peine à été commuée en emprisonnement sur le territoire français.
En 1881, il est ancien employé au recouvrement à Paris où il vit, rue Poncelet. Il obtient une pension de 1200 francs.

BONHOMME Jules Scipion, 41 ans en 1851, né à Millau en 1811, décédé en 1879 à Rodez, banquier, calviniste, habite rue de Rodez, époux de Pauline Rodat, catholique (fille d’Amans Rodat, homme politique mais surtout animateur de la société d’agriculture de l’Aveyron), deux enfants et deux domestiques (recensement de 1851, n° 2372). Il est le frère de Paul Bonhomme devenu homme politique républicain modéré au début de la IIIe république.

Commutation de peine pour Jules Bonhomme, juin 1852

S’occupa beaucoup d’agriculture comme son beau-père Amans Rodat. Un de ses beaux-frères fut maire d’Olemps, et l’autre député de 1848 à 1851. Il fut l’un des membres fondateurs de la Société des Lettres.
Le dossier le qualifie de démagogue ardent et très influent par sa position ; chef du parti démocrate à Millau depuis longtemps. En 1849, il est candidat aux législatives sur la liste des Républicains. Il a de la fortune, qu’il met au service de sa cause politique. Accusé d’excitation à la guerre civile, et de proclamation séditieuse.
Arrêté après le 24/02/1852.
Condamné à la déportation en Algérie, sa peine est commuée en expulsion vers l’Angleterre, le 26/6/1852. Il serait passé par Jersey et aurait rencontré Victor Hugo. Il est autorisé à rentré le 29/12/1852, et placé sous surveillance.
Ruiné par son arrestation, il devint rédacteur du journal le Courrier Républicain.
En 1881, la commission d’indemnisation accorde une indemnité de 200 francs à sa fille Octavie veuve Molinier de Sévérac et une de 1000 francs à son fils Alphonse (de Rodez).

CALVET Cyprien Guillaume (dit Lalemand), 26 ans en 1851, né à Millau le 24/4/1826, fils de Guillaume garde champêtre et de Louise Poujade, militaire retraité et pensionné (220F) à cause de blessures reçues en Afrique, ouvrier gantier marié à Marie Canillac couturière, sans enfant, vit Place d’Armes avec sa sœur Calvet Sophie épouse Moulist Antoine, ouvrier tanneur espagnol.
Arrêté le 9/1/52. Accusé d’avoir été chef de poste, "très mauvaise réputation, démagogue exalté, grande force physique", "sa conduite a été si désordonnée que ses propres parents désirent qu’une leçon lui soit donnée pour l’enlever à une vie de café et de paresse. Il a été chassé de l’octroi de Millau où il était employé". Interrogé le 9/1/1852.
Condamné à la "transportation" en Algérie. Grâcié le 3/2/1853.
En 1859, une rixe l’oppose à un boulanger de Millau, qui meurt des suites de blessures. Calvet est condamné par le tribunal de Millau à 3 mois de prison, le procureur de Montpellier fait appel et le tribunal de Montpellier le condamne à 5 ans d’emprisonnement. Son départ de Millau vers Montpellier donne lieu à une manifestation des Républicains.
En 1870, il est engagé dans le guerre contre la Prusse, il est tué à la bataille de Coulmiers.
En 1881, la commission d’indemnisation accorde une pension de 600 francs à ses filles, sans ressources.

COUDERC François dit Cabanel, 39 ans en 1851, né à Millau le 2/12/1813, fils d’Etienne cultivateur (originaire du Rozier) et de Marie Cabanel (de Millau), boucher, ancien militaire, marié à Marie Madelaine Durand de Pailhas, 2 enfants.
Condamné précédemment à une amende pour coups et blessures
Arrêté après le 24/02/1852. Prévenu pour avoir dirigé une escouade à la poudrière, et avoir tenu tête au procureur. Accusé "d’excitation à la guerre civile", "révolutionnaire par caractère", "méchant et redouté", "capable des excès les plus sauvages". Interrogé le 5/2/1852, il semble évident qu’il ment sur sa participation.
Condamné à la transportation en Algérie. Grâcié le 3/2/1853.
En 1881, il vit à Paris, ancien horloger, "au lit et dans la misère", et reçoit une pension de 1200 francs.

FUZIER Louis dit La Ficelle, 23 ans en 1851, né à Millau le 10/12/1829, ouvrier gantier, célibataire.
Arrêté le 8/12/1851, précédemment condamné pour outrage à un commissaire de police.
Selon le procureur, il est sans aisance, ses parents sont pauvres mais honnêtes, et leur fils désobéissant leur cause du chagrin. A Paris en février 1848, il entre dans la garde mobile où il reste jusqu’en décembre. Il rentre ensuite à Millau. "Homme vraiment dangereux", "démagogue exalté capable de se laisser entraîner aux plus grands excès", "d’une légèreté de caractère incroyable". Interrogé le 9/12, il reconnaît les faits en corrigeant la version du juge.
Condamné à la transportation en Algérie, grâcié le 3/2/1853. En mars 1853, il vit à Amiens. Décédé le 16/9/1875, sans héritier avant 1881.

GUY Pierre aîné dit Garoute, 29 ans en 1851, né à Millau le 10/11/1823, ouvrier gantier, marié 1 enfant, vit rue des Jacobins, époux AIDOU Lucile, 22 ans (recensement de 1851). "admis depuis quelques temps parmi les démagogues".
On lui reproche d’avoir été chef de poste, et d’avoir arrêté la malle poste. "pas méchant", "pervers".
Arrêté après le 24/02/1852. Condamné à la transportation en Algérie, grâcié le 3/2/1853.
En 1881, il est toujours ouvrier gantier, malade, il reçoit une pension de 1200 francs.

LAURET Auguste dit Soupetard, 33 ans en 1851, né à Millau le 21/11/1819, fils de Jean Jacques (dcd 1838) et de Marguerite Fabre, ouvrier tanneur, marié le 27/9/1841 à Millau avec Marianne Rouquayrol (de St Beauzély), vit rue Peyrollerie, avec leurs trois filles Léontine, Louisa, Thirza. (recensement de 1851 n° 1025).
En fuite, il passe en Espagne le 24 mai 1852. Mais faute de trouver du travail, il rentre en France, passe trois jours à Millau, puis part vers Paris. En juillet, il est arrêté à Briare comme vagabond, et transféré à Gien (puis à Millau ?).
"En 1848, il est mêlé à toutes les orgies politiques de l’époque dans les clubs et le public", "dangereux, méchant, exalté", il aurait montré un cahier d’images avec des potences et des guillotines.
Condamné à la transportation en Algérie, peine commuée en surveillance le 29/12/1852.
Il serait mort des suites de sa peine. En 1881, sa veuve, revendeuse, obtient une pension de 1200 francs.

MARKINI Auguste, 34 ans en 1851, né à St Affrique le 27/11/1818, fils de Joseph, plâtrier d’origine italienne, et de Marguerite Poujol de Pont de Camarès, ouvrier tanneur, marié à Rosalie Descols (il a un frère Jean Joseph "Victor", plâtrier, époux Victorine Bonnefous qui vit à Millau).
Arrêté le 8/1/1852, précédemment condamné pour ouverture d’un club politique. Prévenu pour avoir pris une arme, être resté factionnaire à la mairie. Interrogé le 9/1/1852, il est très lapidaire dans ses réponses.
"Démagogue ardent, anarchiste des plus audacieux, mauvaise réputation". Au contraire, une lettre de demande de grâce d’un maître de poste de Millau le présente comme un bon garçon qui s’est fait entraîner, qui a une mère veuve à entretenir son père étant mort en tombant d’une maison.
Condamné à l’expulsion vers l’Espagne, expulsé via Perpignan le 22/3/1852, grâcié le 3/2/1853. L’acte d’explusion nous apprend qu’il mesure 1,60 m., châtain clair, les yeux gris, il a une cicatrice à la joue gauche.
En 1881, sa veuve, couturière de gants de 63 ans, obtient une pension de 1000 francs.

MAURY Joseph, 36 ans en 1851, né à Millau le 6/1/1816, fils de Joseph et de Marie R., marchand de planches, marié le 11/7/1842 à Millau à Anne Julie Sylvie Sainveran de Millau.
"Républicain de la veille", président du club républicain de Millau en 1848, il est prévenu pour avoir secondé Jules Bonhomme, en particulier à la mairie. "Affaires très dérangées, depuis longtemps républicain fougueux, un des chefs de la démagogie à Millau", "exalté dangereux, encourage les ouvriers". "Souvent le vin trouble sa raison".
Condamné à la transportation en Algérie, peine commuée en surveillance le 15/8/1852. En fuite, il ne rentre que le 4 novembre 1852 à Millau !
Décédé le 20/4/1875. En 1881, sa veuve refuse de faire une demande de pension.

NAZON Daniel dit Cabot, 30 ans en 1851, né à Millau le 25/11/1822, ouvrier gantier, célibataire. Il est parti à Paris où il a exercé la profession d’ouvrier gantier. Il a raporté à Millau les "tristes habitudes des ouvriers de la capitale" et "a vécu dans les cafés, travaillant assez peu".
Arrêté le 8/12/1851, précédemment condamné pour l’ouverture d’un club politique. Pas aisé, "appartient à une famille révolutionnaire de bas étage", "ardent démagogue actif … dangereux et violent", "ennemi incorrigible de toute institution sociale". Interrogé, il nie l’essentiel des accusations.
Condamné à la transportation en Algérie, grâcié le 3/2/1853. Le dossier conserve sa lettre de soumission, il est alors à Bône.
Il se marie après son retour à X Valez.
En 1881, sa veuve, qui a des ressources précaires, obtient une pension de 600 francs (seulement, alors qu’il a été déporté).

PEYRE Louis Barth, 33 ans en 1851, né à St Affrique le 24/2/1821, ouvrier tanneur, marié le 2/11/1849 à Millau à Suzanne Delphine Thomas de Millau, un enfant.
Précédemment condamné pour l’ouverture d’un club politique, arrêté après le 24/02/1852, "appartient à une famille démagogue", "a fait l’apprentissage à l’école de son beau-père, homme de désordre et repris de justice", on lui reproche d’être allé le matin du 4 décembre dans les ateliers pour appeler les ouvriers.
Condamné à la transportation en Algérie, peine commuée en surveillance le 29/12/1852.
En 1881, il est tanneur mais infirme, et il obtient une pension de 1200 francs.

TARAYRE Antoine, 57 ans en 1851, né à Espalion le 1er ventose an 9, clerc d’avoué, marié sans enfant, vit place du Mandarous, époux ARGENTIER Justine, (1851 n° 1732), "pas de fortune".
Précédemment condamné pour injures. Il a été membre de la commission provisoire en 1848.
"Ardent et exalté, semblait être le lieutenant de M. Bonhomme … ambitieux vulgaire, démagogue passionné, peu honorable et très violent" mais aussi "son attitude étonne beaucoup de monde".
Condamné à la transportation en Algérie, sa peine est commuée en surveillance le 29/12/1852. En réalité, il est en fuite, comme le montre une lettre de Talon de St Geniez du 4/12/1852, qui demande sa grâce. Curieusement, un des documents semble dire qu’il a pourtant été transporté en Algérie.
En 1881, sa fille adoptive de Vimenet obtient une pension de 600 francs.

TIQUET Léon, 31 ans en 1851, né à Millau le 30/11/1821, cordonnier, célibataire.
Arrêté le 17/12/1851, on lui reproche d’être allé dans les ateliers le matin. "clubiste intrépide", "rouge très dangereux". Interrogé le 18/12, il nie l’essentiel des accusations.
Condamné à la transportation en Algérie, gracié le 3/2/1853. Le dossier conserve sa lettre de soumission, il est alors à Bône. Il rentre fin mars.
En 1881, encore cordonnier à Millau, habite la rue derrière la Tine, il obtient une pension de 1200 francs. Il est précisé qu’une maladie contractée en Algérie lui a laissé deux doigts de la main droite ankylosés, et qu’il vit dans la misère avec charge de famille.

VAISSIERE Jules dit le Pouscal, 28 ans en 1851, né à Millau le 17/5/1824, ouvrier gantier, marié sans enfants.
"rouge par ambition", des réunions se tiendraient dans l’auberge de son beau-père Au chapeau blanc sur la route de Rodez. "fervent ami de la sociale", "méchant et à craindre", "à peu près partout le 4 décembre", en particulier à la mairie.
Arrêté après le 24/02/1852. Condamné à la transportation en Algérie, peine commuée en surveillance le 29/12/1852. Le dossier a conservé sa lettre de soumission du 25/11/1852.
En 1881, il est fabriquant gantier, son commerce a été ruiné par sa déportation, il est maladif et obtient une pension de 1200 francs.

2 - "les moins coupables" (5 ans en Algérie)

ALRIC Louis François père, 54 ans en 1851, peseur public, né le 20 frimaire 7 à Millau, habite rue Droite côté sud, (1851, n°876, agent voyer), époux de Victoire Refregier, 30 ans, veuf avec 4 enfants.
Précédemment condamné pour ouverture d’un club politique, arrêté le 2/1/1852.
"Successivement légitimiste, orléaniste, il s’est fait rouge en 1849, changement attribué au mauvais état de ses affaires, démagogue ardent et propagandiste, digne compagnon de Marcillac, il est de toutes les réunions [ce qui est confirmé par les rapports de police de 1849-51] ; parmi les condamnés du 12/7/1850 pour ouverture d’un club. Membre du comité de résistance le 4/12. aujourd’hui très repentant, renie ses doctrines et ses amis". Dans sa déposition du 4/1/1852, il raconte comme s’il avait suivi par curiosité, on aurait mis son nom sur la liste sans lui demander son avis, sur une liste faite par avance. Il est à nouveau interrogé le 4/1/1852.
Condamné à l’internement, il fait quelques mois de prison à Aurillac. Lors de son transfert, il est décrit en ces termes : 1m57, cheveux gris autrefois châtain, yeux gris, menton pointu, une verrue à chaque joue. Il demande à rentrer le 11/6/1852. Peine commué en surveillance le 15/8/1852, il rentre le 29.
En 1881, son fils Louis François fabriquant gantier obtient une pension de 600 francs.

BENEZECH Paul Frédéric, 43 ans en 1851, né le 22/10/1809 à Millau, fils de Frédéric (dcd 1839) et de Madelaine Valette, fabriquant de chandelles, marié le 13/3/1839 Millau à Elise Gascuel de Millau, 1 enfant.
Arrêté le 8/1/1852.
Procureur : "Appartient à une famille de révolutionnaires ardents, il aime le travail mais les idées démagogiques et l’anarchie vont à son caractère, il participe aux réunions politiques des auberge de la banlieue"
Le 4 décembre, il était en faction à la mairie, et à empêché les pompiers d’entrer.
Condamné à la transportation en Algérie, peine commuée le 30/6/1852 en emprisonnement. Le dossier n’est pas absolument clair sur la chronologie des peines qu’il a purgé : il a été transporté en Algérie, aurait été transféré à Riom le 13/7/1852. Le dossier conserve une lettre de sa sœur Nancy épouse Valette adressée au Prince président, qui explique qu’il n’a jamais été socialiste, qu’il a participé pour empêcher le pire et que leur père idolâtre l’Empereur Napoléon Ier. Rentré le 29/8/1852, sa peine a sans doute été commuée en mise sous surveillance. Grâcié le 3/2/1853, il serait mort des suites de sa souffrance.
En 1881, sa veuve, habitant Montauban chez un fils pasteur, obtient une pension de 1200 francs.

BERNARD Etienne dit la Grandeur, 48 ans en 1851, né le 18/8/1804 à Millau, fils d’Etienne et d’Elisabeth Buscarlet, écrivain public dans la misère, vit rue Peyssière, marié le 13/5/1845 à Millau avec Anne Victorine Delmas de Recoules dite Victorine, catholiques (recensement de 1851, n°746).
Arrêté le 17/12/1851, interrogé le 18/12 puis le 16/1, il explique qu’il a refusé de prendre un fusil et qu’on lui a donner le drapeau du fait de sa taille. Il le prend sans penser à mal. Il exprime son repentir.
Procureur : "Nommé chef des ateliers nationaux à Millau après le 24 février 1848 ; demande à être huissier, écarté, il est dans la misère, il n’a pas vraiment d’opinions politiques, il espère profiter d’une révolution. Porte-drapeau de l’insurrection. On ne le croit pas méchant et dangereux." Le dossier conserve des certificats de probité de 1850, alors qu’il souhaitait être reçu comme huissier, ils lui attribue une excellente moralité et des opinions politiques sages et modérées.
Condamné à être placé sous surveillance. Décédé avant 1881 sans héritier.

CALDESAIGUES Jean Lucien dit Vingtième, 35 ans en 1851, né le 24/6/1817 à Millau, gantier, ancien militaire, vit Faubourg de Layrolle, épx SELLES Clémence, 22 ans (en 1851 n°2074)
Le 4 décembre, il est désigné pour diriger les hommes en arme, car il a déjà commandé. Il tente de refuser, mais finit par accepter.
Procureur : "bonne réputation et mœurs sages, poussé à commander la troupe et joue le jeu à fond ; faute grave mais rachetée par d’excellents antécédents."
Interrogé le 10/2/1852, il explique précisément le rôle qu’il a joué, en dehors de toute considération politique.
Condamné à un an d’internement, emprisonné à Aurillac. Lors de son transfert il est décrit ainsi : cheveux et yeux châtain clair, menton relevé, fossette, teint brun. Peine commuée en mise sous surveillance le 15/8/1852. Rentré le 29/8.
En 1881, il est gantier et obtient une indemnité de 800 francs.

CAMBOURIEU Ferdinand, 32ans en 1851, né le 28/6/1820 à Millau, cordonnier, ancien militaire, vit Faubourg de Layrolle époux Louise Guy couturière (1851, n°2059).
Arrêté après le 24/02/1852 ; sans antécédents, il est accusé d’avoir été tambour pendant l’insurrection. dans son interrogatoire du 4/2, il explique comment Place du mandarous, alors qu’il défilait avec son tambour, il a vu son père, connu pour son attachement d’ancien militaire à la famille de Napoléon Bonaparte, lui lancer un regard foudroyant. Il aurait alors voulu abandonner son tambour, mais ne pouvait pas. Il l’a fait un peu plus tard.
Il est acquitté par la commission mixte.
En 1881, il est cordonnier pauvre, il fait une demande d’indemnisation. Le maire de Millau envoie une lettre expliquant qu’il n’a pas participé à la journée du 4 décembre. La commission lui accorde toutefois une pension de 300 francs pour avoir été placé en détention provisoire avant son acquittement.

CLAUDE Victor dit le Dragon, 42 ans en 1851, né à Wesel en Prusse le 2/12/1812, officier (lieutenant) du 10e dragon, en retrait d’emploi (accusé, à tort selon lui, d’avoir faussé le scrutin des présidentielles de 1849 en faveur de Ledru-Rollin). Il s’est ensuite retiré à Millau où il a deux sœurs.
Arrêté le 3/1/1852. Mêlé indirectement, il n’a pas rempli son devoir d’ancien officier. Il prend le commandant du poste de la poudrière en fin de journée. Interrogé le 4/2, il raconte précisément sa journée du 4/12.
Condamné à la transportation en Algérie, il y réintègre l’armée. En 1858 il est capitaine en Afrique.

CORCHAND Antoine, 54 ans en 1851, né à Rodez en juin 1798, coutelier dans la misère. En 1851 n° 495, il vit Rue de l’Ancien Tribunal, épx Marie Colombier, 54ans, il a un fils Joseph 23ans.
Précédemment condamné pour l’ouverture d’un club politique.
Sous le coup d’un mandat d’arrêt, il reste malade chez lui, où il est interrogé le 5/1/1852. Un certificat médical diagnostique une bronchite et une gastro.
"Ardent démagogue depuis 1848, a appartenu au comité provisoire qui a gouverné Millau en 1848, nommé alors directeur du bureau de poste, il n’a pas été nommé faute de pouvoir cautionner", "coutelier habile mais très paresseux""il commence à bien vieillir maintenant, n’est pas d’une nature perverse, n’a pas d’énergie pour être méchant". En 1851, il a été poursuivi pour exposition publique d’emblèmes séditieux et outrage à la religion catholique. Acquitté en cour d’assises.
Condamné à un an d’internement à Aurillac, il meurt le 1er avril 1852 sans avoir été arrêté.

DECOMBIS Jean Antoine, 54 ans en 1851, né à Aguessac le 10 germinal an 7, fils de Jacques et de Françoise Lacaze, menuisier, marié à Marie Monique Artières, cinq enfants.
Précédemment condamné pour l’ouverture d’un club politique.
Arrêté le 27/12/1851, "républicain de vieille date, pas dangereux", "avancé en âge, assez bonhomme, républicain par pure exaltation de tête sans trop comprendre comment", "a rendu des services à l’ordre pendant l’insurrection". En bref, sa faute est d’être républicain, même s’il a eu un rôle modérateur le 4 décembre.
Mais dans son interrogatoire il nie tout éhontément et se renie politiquement.
Une lettre du maire d’Aguessac explique comment il a sauvé un de ses concitoyens de la noyade.
Acquitté. En 1881 sa veuve obtient une pension de 300 francs du fait que son mari a tout de même fait quelques temps de prison préventive.

GENESTE Etienne, 53 ans en 1851, né à Bordeaux en 1799, colporteur (marchand de pralines).
Arrêté le 10/12/1851, antécédents non connus à cette date. On l’accuse d’avoir menacé le vicaire de Millau, qui dément la rumeur. Il a contre lui le fait d’être étranger à Millau, soupçonné d’être un repris de justice. Il est clairement victime de dénonciations calomnieuses. Le procureur cherche à retracer son parcours, car il prétend être né à Bordeaux vers 1797-1799, mais la mairie de Bordeaux n’a pas son acte de naissance. Finalement, le procureur reçoit une preuve d’une condamnation précédente.
Il est condamné à l’expulsion du territoire. En 1858, il est réputé vivre en Belgique.
En 1881 on a perdu sa trace.

LADET Adrien dit Repinse, 31ans en 1851, né à Peyreleau le 11/1/1821, jardinier, ancien militaire.
Arrêté le 4/1/1852, "mauvaise réputation, exalté et dangereux", chef de poste à la poudrière, accusé d’avoir arrêté trois gendarmes à la poudrière. "grand maigre portant barbiche".
Condamné à la transportation en Algérie, grâcié le 3/2/1853.
Il vit à Nîmes en 1858. Aucune mention de lui en 1881.

PUECH Etienne dit Carcannou, 31 ans en 1851, né le 24/2/1821 à Millau, fils d’Etienne et de Françoise Sauvat, mégissier, marié le 15/10/1849 à Millau avec Justine Eugénie Veirier fille d’un coutelier de Millau
Arrêté le 16/1/1852, "exalté et dangereux", "lancé tout à fait dans le parti rouge", garde la poudrière, résiste au procureur en lui déclarant "Monsieur Thiers à la chambre nous a traité de vile multitude et nous voulons la république démocratique". Interrogé le 17/01, il avoue la plupart des accusations.
Condamné à la transportation en Algérie, peine commuée en internement. Grâcié le 3/2/1853.
En 1881, mégissier journalier qui ne possède rien, il obtient une indemnité de 1200 francs.

ROZIER Vincent, 41ans en 1851, né à Montpellier le 29/9/1811, fils de Antoine Vincent, président au tribunal de Montpellier et de Anne Catherine Villot. Ancien procureur du Roi à Millau, il est devenu sous-commissaire en février 1848, fonction qu’il a exercé jusqu’en septembre. Il a ensuite repris ses fonctions d’avocat et a été nommé bâtonnier. Il a épousé le 28/5/1838 à Millau Jeanne Zoé Villa fille de François banquier. En 1851, ils vivent rue de Rodez, avec leur fils Edmond, leur fille Anna et trois domestiques (recensement de 1851, n° 2395).
Arrêté après le 24/02/1852
Le 4/12, il est avec Bonhomme et Tarayre à l’imprimerie Carrère à 11 heures. Il n’est pas à la mairie en début d’après-midi. Il arrive dans la rue au moment où se distribuent les armes, selon des témoins il en est révolté (témoignages divergents). Il quitte le groupe, mais on le retrouve Place de la Fraternité, d’où il s’éclipse de nouveau. Il suit la proclamation. Le soir, il est à la mairie avec le comité de résistance, et s’oppose à la livraison de poudre. Alric le disculpe en le citant "vous demandés de la poudre et vous avés les armes et personne ne vous fait résistance. Je suis autant républicain que vous ; je ne veux tuer personne et ne veux pas être tué". Il propose que l’on se retire, et part avec Bonhomme pour prévenir les hommes de la poudrière de se retirer, ce qui est accepté.
Ancien magistrat il a donc "agi en pleine connaissance de cause et peut-être par ambition". Présenté comme indécis et ambitieux, ni méchant ni dangereux.
Condamné à trois mois d’internement, emprisonné à Aurillac (en mars), puis libéré sous surveillance. Il est décrit mesurant 1,66 m, châtain, les yeux bleus. Le premier mai, il obtient un laisser-passer pour comparaître devant la cour d’appel de Montpellier.
Les dossiers n’évoque pas son nom en 1881. On sait qu’il s’est retiré à Verrières dont il devient maire au début de la IIIe république. Il y meurt en 1891.

VAISSAC Pierre dit Vezouillac, 39 ans en 1851, né à Verrières le 14/2/1813, fils d’Etienne et de Rose Blanc, (ouvrier) tanneur, épouse le 2/3/1840 Victoire Jammes de Millau.
Arrêté le 23/12/1851, pas de mauvais antécédents, garde la poudrière, participe à l’arrestation d’un gendarme, on lui reproche d’avoir outragé le garde champêtre.
Condamné à être placé sous surveillance. En 1881, il est toujours tanneur, avec peu de ressources, il obtient 300 francs de pension pour avoir passé plusieurs mois en prison.

VALEZ David Numa dit Fricou, 21 ans en 1851, né à Millau, le 29/9/1831, serrurier
Arrêté le 17/12/1851, interrogé le 17 ; pas de mauvais antécédents, parents honnête et lui encore jeune, il prend un tambour, mais contrairement à Cambourieu il le garde jusqu’au soir quand il crie aux armes.
Acquitté. En 1881, il est commissionnaire en laine, sans fortune ; il a fait plusieurs mois de prison, et il est paralysé du côté droit. Il obtient une pension de 400 francs.

VALIBHOUSE Gerard Hippolite, 42 ans en 1851, né né au Saralliès de St André de Vezines le 19/9/1810, épouse le 1/10/1833 Rose Jeanne dite Rosine Viguier de Millau, ancien greffier du tribunal de Millau, avoué et membre du conseil général (pour le canton de Peyreleau) et du conseil municipal, il avait été désigné maire provisoire de Millau en février 1848 mais a rapidement démissionné. En 1851 (recensement n°782), il vit avec son épouse Rosine Viguier, et sa servante (dans le même bâtiment que le procureur).
Arrêté après le 24/02/1852
"Depuis longtemps ardent révolutionnaire, a exercé à Millau une pernicieuse influence sur la population ouvrière", "atteint de cécité presque complète". Il raconte dans sa déposition qu’il a été à la mairie et s’est fait introduire dans le comité de résistance pour pouvoir empêcher le pire, et ceux avec l’accord du premier adjoint, Loirette, qui confirme ces propos. Il a eu un rôle modérateur évident, en particulier en fin de journée quand il a été question de poudre.
Il est toutefois condamné à un an de prison. Il est interné à Saintes. Son passeport daté du 16/3/1852 le décrit ainsi : 1m74, chatain, nez régulier, barbe grisonnante, yeux bleus et affectés, front découvert, menton relevé, visage ovale, teint coloré. Le 15/8/1852 sa peine est commuée en mise sous surveillance.
Pas de trace en 1881.

VIDAL Casimir Hippolite, 31 ans en 1851, né le 20/2/1821 à Millau, marchand de nouveautés, vit rue des Fasquets, épx Vaissière Virginie, fils d’Etienne Antoine (originaire de St Michel dans l’Hérault) et de Marie Victoire dite Victorine Fabry, avec qui il vit en 1851, et avec Etienne Vidal marchand 34 ans son frère marié enfants (recensement n°283).
Précédemment condamné pour l’ouverture d’un club politique.
Arrêté après le 24/02/1852.
"Connu pour l’exaltation de ses opinions et l’activité de sa propagande". En fait, le 4 décembre, il a été pris d’une douleur à la jambe et il est rentré chez lui. Son dossier est accompagné d’un certificat médical. Il est uniquement poursuivi pour opinions.
Il est tout de même condamné à la transportation en Algérie. Sa peine est commuée en surveillance le 29/12/1852.
En 1881, ses enfants de 24 et 32 ans qui vivent à Albi et Laroche (15) obtiennent une pension de 1200 francs, le commerce de leur père ayant été ruiné par sa déportation.

VILLARET Alexis Séraphin, 30 ans en 1851, né à l’Hospitalet le 17/7/1822, ex-bourrelier, devenu facteur de diligences / employé aux messageries du Vigan, borgne, vit rue du Lion d’or (recensement n°2203), épx Guibal Sophie couturière.
"Pas de facheux antécédents", enfonce la porte de la grande salle de la mairie "à coup de cul".
Il réussit à se cacher. Il est condamné à la mise sous surveillance. En 1881 sa veuve domestique à Saint-Sever, infirme, obtient une pension de 300 francs.

Ps : Puech, Barascut et Vidal sont nés à quelques jours d’intervalle en 1821.

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