Bandeau
Cercle Genealogique de l’Aveyron
Slogan du site
Descriptif du site
Les mines de charbon du Larzac et de La Dourbie
Communication de Jean DELMAS, ancien directeur des archives départementales de l’Aveyron
Article mis en ligne le 23 mars 2011

Communication donnée le 9 septembre 2001 lors de notre 15ème Assemblée Générale à l’Hospitalet du Larzac.

Les mines de charbon du Larzac et de La Dourbie

Le Causse du Larzac et le Causse noir renferment entre le niveau bajocien et le niveau bathonien une couche de charbon ou plus exactement de stipites qui a particulièrement attiré l’attention des géologues et celle des exploitants en période de guerre et de difficulté économique : charbon de puissance calorifique exceptionnelle, il aurait sans doute donné lieu à une exploitation plus organisée, si les couches n’avaient été difficiles d’accès et d’extraction (0,50 à 0,80m. d’épaisseur).

En outre quand le chemin de fer qui aurait pu lui fournir des débouchés plus faciles vint à proximité (Millau, L’Hospitalet, Nant-Comberedonde), il favorisa au contraire l’arrivée du charbon des centres houillers, si nombreux au sud du Massif Central :Alès, Graissessac, Carmaux, Aubin-Decazeville.

Aussi cette exploitation fut-elle limitée aux besoins de l’économie locale et réservée à la population du voisinage, ce qui permit de fournir à celle-ci du travail en temps de crise, voire, pour certains, d’échapper au S.T.O..

La Série S des Archives départementales de l’Aveyron et le précieux inventaire dressé par Rouire en 1946 permettent de faire le tour des ressources du sous-sol.

On trouve d’abord Saint-Georges de Luzençon et Saint-Geniez de Bertrand, où l’alun attira en premier l’attention des géologues (société fondée en 1785 par Fr. de Morlhon avec les conseils de Chaptal). Les galeries s’avançaient jusqu’à 550 m.

A côté, Creissels ne donna pas ce que l’on espérait.

En revanche, la mine du Mas-Nau (concession en 1850) avait une production annuelle de 1500 à 1660 tonnes par an. Elle fut exploitée en 1917 par la Société des Charbonnages de Millau.

On trouvait sur la rive droite de la Dourbie la concession du Monna, celle de la Roque Sainte-Marguerite (1830), qui alimenta vers 1900 l’usine à gaz de Millau, et celle de Gardies (1859-1934) sise dans la commune de Revens (Gard), mais dont le débouché était essentiellement aveyronnais, puisqu’un téléphérique transportait sur la route de Millau à Nant, les 1200 tonnes de production annuelle.

La mine la plus importante était celle des Moulinets (Nant), sur la rive gauche de la Dourbie (concession 1860, reprise en 1900), avec une production de 3000 tonnes par an et une commercialisation par charettes dans l’Aveyron, le Gard et l’Hérault (jusqu’à Montpellier !).

Plus haut, sur la rive droite, à la limite du Gard et de l’Aveyron et proches de Cantobre, on trouvait la concession de Balmarelesse (1855) avec les mines des Plos et de Saint Sulpice, et enfin la concession de Barjac (Saint-Jean-du Bruel).
Enfin sur le plateau du Larzac on avait quatre concessions : les Liquisses (1824) dont les terrils et quelques départs de galeries sont encore visibles. On y pénétrait par des puits dotés de grand treuils de bois. Des problèmes d’aération et d’infiltration nuisirent malheureusement à leur exploitation.

A La Cavalerie (1835), au contraire, les failles naturelles facilitaient l’écoulement des eaux et les galeries étaient saines. En outre le charbon profitait du trafic du vin du Languedoc en Aveyron par le Larzac, puisque les charretiers avaient leurs charrettes disponibles dans la descente. Mais le camp militaire créé au début du siècle n’était pas compatible avec une exploitation charbonnière.

A cette concession s’ajoutaient au nord et à l’ouest celles du Jonquet et de Lescure (Lapanouse-de Cernon). Le bassin du Larzac ne présente pas seulement l’originalité géologique (c’est le seul secteur en France où la houille stipite a été exploitée) et économique que l’on a indiquée au début. Il figure aussi parmi les régions où l’exploitation a été la plus ancienne : ainsi la mine de Saint Geniez de Bertrand a été exploitée au moins depuis 1377 : on y rechercha d’abord la couperose ou vitriol (sulfate divers). Elle fit l’objet à la fin du XVIIIe siècle d’une véritable activité industrielle à laquelle il faut rattacher, ainsi qu’on l’a dit, le nom du grand chimiste Chaptal.

Le secteur minier des Liquisses est connu depuis le XIVe siècle, mais on s’intéressa sans doute d’abord au minerai de fer, qui était à proximité. Les autres mines ont été au moins exploitées depuis les XVIe et XVIIe s. On voit que pour le domaine du roi, le gouverneur général des Mines de France était représenté à Millau par un commis général très vigilant (Le Mas Nau, 1561). On voit que les ordres religieux (abbaye de Nant, Hospitaliers du Larzac) ou les grands seigneurs (les Roquefeuil) accordaient des concessions auxquelles celles qu’autorisera l’État au XIXe siècle se ressemblent comme des filles.

On y voit des prospecteurs, comme un certain Roche de Nant, acquérant une réputation de géologues sur le tas, des sociétés à petit nombre d’associés, mais déjà bien organisées, et distinguant les fonctions : mineurs, manœuvres, transporteurs, forgeron ; charbon de forge, charbon de four à chaux... On y voit apparaître et mettre en pratique dès 1619 le principe du congé de maladie payé par les associés ! C’est peut-être un des plus anciens cas en France. A l’originalité géologique et économique, s’ajoute dons une originalité sociale et humaine, qui donne à ce domaine de notre histoire un intérêt exceptionnel

Jean DELMAS