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Cercle Genealogique de l’Aveyron
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LES DIVERS VISAGES DE LA TOPONYMIE DE SAINT-GEORGES-DE-LUZENÇON
Journées Généqalogiques 2013 Communication de M. Jacques ASTOR
Article mis en ligne le 3 octobre 2013
dernière modification le 3 juillet 2016

par Jacques ASTOR

Communication de M. Jacques ASTOR lors des JOURNEES GENEALOGIQUES DE L’AVEYRON - Septembre 2013

 

St Georges de Luzençon

 

Racines préceltiques

 

A tout seigneur tout honneur, le Cernon qui s’invite dans la commune de Saint-Georges-de-Luzençon, nous y apporte la racine hydronymique *ser- que l’on connaît par ailleurs avec la Cère du Lot, le Cérou, affluent de l’Aveyron dans sa partie tarnaise et la Sérène, nom générique de plusieurs cours d’eau nord-aveyronnais. Or, précisément, c’est d’un type Serenone que Sernon serait issu et peut-être même la forme ancienne Sainct Georges de Val Serène n’y est-elle pas étrangère
.

Luzençon

Luzençon est l’autre point clé de la toponymie locale. S’offrant comme deuxième déterminant historique à Saint-Georges-de-Luzençon, il est un dérivé en -antione prélatin (celui de Briançon et Bezançon) de la racine oronymique *lud- que l’on retrouve localement avec le nom de Luzergue, nom d’un haut entablement dominant de 400 m Compeyre, La Cresse et Rivière-sur-Tarn. Cette racine lud- est restituée d’après des formes anciennes du XIIe siècle {}telles que (en latin) atque Poncio de Ludencione (dans Les plus anciennes chartes en Langue provençale de Clovis Brunel, 1926) ou bien encore (en occitan) Ponzo de Ludenzo du cartulaire de la Selves, où l’on voit le d entre voyelles passer à z. Elle est aussi présente dans le nom du Puech de Luargue dans la commune de Saint-Victor-et-Melvieu où le d disparaît.

On pourra aussi penser à une troisième racine : la racine *gib- de Gibret, haut versant dont le nom se confond avec le nom du givre en français et en occitan, et que l’on retrouve en tant que nom de colline, le Gibrou, 2 km à l’ouest de Bozouls.

 

 

Noms de lieux d’époque gallo-romaine

 

Racines celtiques

Le Rouergue comporte de nombreuses racines celtiques et le sud-Aveyron de la commune de Saint-Georges-de-Luzençon ne fait pas exception.

Adossés à deux pointements surplombant comme Gibret, la vallée du Tarn, il s’agit de deux noms de fermes : Ebrias et Briadels.

Ebrias, adossé au point culminant de La Blaque, représente la racine celtique Ebrius désignant l’if, l’arbre sacré des Gaulois, et ceci de deux façons possibles : soit en tant que nom d’homme chef du village, soit en tant que arbre totem du lieu. D’une manière ou d’une autre, un village gaulois sous la forme du dérivé Ebriates qui signifie « les gens d’Ebrius, le village d’Ebrius ».

Et que nous dit Briadels ? on peut y voir une racine briga « hauteur fortifiée » en gaulois, mais, vu leur voisinage, il nous paraîtra bien venu de voir en Briadels un diminutif -ellus bas latin d’Ebrias au stade Ebriat et perte normale en toponymie, du e initial : Ebriat > Ebriadel > Briadel. Briadels serait donc, à l’origine un petit Ebrias.

Terminons en avec les Gaulois avec l’anthroponyme gaulois Cataros (sur catu « combat ») > Cataricius du lieu-dit Les Cadassats dont André Soutou a restitué les formes anciennes Cadacag du XIe siècle et Cadassac de 1665 qui attestent un suffixe -ac devenu -at par croisement avec les finales en -at. L’article au pluriel ayant trait aux terres relevant du lieu.

 

 

Racines latines

 

Il s’agit donc là d’un nom d’ancien domaine gallo-romain. Ils sont particulièrement nombreux à Saint-Georges (6 en tout) dans les zones de plaine ou de versants propres à la vie rurale. On a affaire à des dérivés d’anthroponymes latins mais il ne faut pas s’y fier : il s’agit de Gaulois avec cognomens latins.

Vergonhac

A commencer par Vergonhac dérivé en -acum suffixe de propriété sur l’anthroponyme latin Verecondius (« timide ») ayant évolué en Vereconius > Verconius,

Ségonac sur Secundus « second, deuxième dans l’ordre de naissance » ;

Crassius de Craissac, sans omettre le domaine satellite de Craissaguet d’époque médiévale ;

et Jarnac, pour lequel l’étymologie du radical est inconnue.

A signaler en outre, dès l’époque gallo-romaine la mention du frêne fraxinum pour Fragnac au sud-ouest de la commune, représentant un Fraxiniacum ancien.

 

 

Seigneurs germaniques et féodaux

 

Malgré le riche passé féodal de la contrée de Saint-Georges-de-Luzençon, on compte peu de noms de lieux caractéristiques de fortifications.

Le toponyme La Motte désignant un sommet de rebord du petit plateau de Caussonus, est peu compatible avec l’acception courante de « butte artificielle propre à servir de base à une fortification ou un château » tel qu’on le voit par exemple pour La Motte de la commune de Quins. Il n’est pas impossible, en contre-partie, que La Motte de Saint-Georges-de-Luzençon ait été un lieu de fortification.

Le Ménacle

Pourvu d’un château aujourd’hui disparu, le fameux Ménascle (el puig de Menascle au XIIe s., in Les plus anciennes chartes en langue provençales) qui domine Saint-Georges-de-Luzençon par l’est, et a déjà fait couler de l’encre chez les toponymistes.

André Soutou a donné l’hypothèse d’un latin minasculum en fonction de rapports de grandeur entre la hauteur qui domine Saint-Georges et le Puech de Caussonus, un petit entablement de rebord du causse du Larzac et le Puech de Mont Redon dont la hauteur est plus importante de 50-55 m.

Outre que ce type de comparaison de hauteur de ce type est peu dans la veine de la toponymie générale rouergate et languedocienne et encore moins de la toponymie relevant du latin de basse époque, on ne comprend pas le suffixe -asculum pour -usculum.

Il est vrai que le suffixe -ascle / -iscle / -uscle est peu courant en occitan, qu’il soit moderne ou ancien. Nous poserons toutefois l’hypothèse d’un menascle ancien occitan (hypothèse pleine de modestie). Ce menascle en tant que dérivé ancien occitan en -ascle de menar « mener, guider » évoquerait les marques du pouvoir vicomtal, sous l’aspect d’un guidon, de l’étendard des hommes d’armes de l’ancienne langue.

Il pourrait s’agir d’un étendard au sens propre surmontant le château ou le rocher. Il aurait été bien en vue et aurait servi de guide pour ceux qui empruntaient le chemin de la Coste de Comps qui reliait Saint-Georges à La Cavalerie.

 

St Geniez de Bertrand

Enfin Bertrand de Saint-Geniez-de-Bertrand, anciennement Vertenan, paraît représenter un plus ancien Bertolandus nom de seigneur germanique avec fausse régression de b en v à l’initiale et mutation de l en n, phénomène déjà envisagé dans notre dictionnaire. Il rendrait compte de l’antique Vertenan et du moderne Bertrand.

 

 

Noms de paroisses

 

A l’ombre des châteaux, les paroisses deviennent des centres durables de peuplement.

Ainsi l’église Saint-Georges du Moyen Age eut-elle ici un bel avenir. A côté des Alpes-de-Haute-Provence, de l’Aude, de l’Hérault et de la Dordogne, l’Aveyron réserva le meilleur accueil à Saint Georges que ce soit le saint célébré dans tout l’Occident en tant que vainqueur du Dragon et surtout de l’Infidèle du temps des Croisades ou bien le saint évêque de Lodève, ancien moine de Conques et ancien abbé de Vabres.

Parmi ces départements, l’Hérault et, à un moindre titre l’Aude, peuvent avoir témoigné un intérêt certain pour le saint Georges rouergat.

Dans l’Aveyron, on compte 3 hameaux du nom de Saint-Georges (La Capelle-Balaguier, Clairvaux, Combret), une ferme, le Mas de Saint-Georges à Fondamente et surtout une église de Saint-Georges, 5 km à l’ouest de Pont-de-Salars avec une légende de saint Georges poursuivi par ses ennemis et qui aurait franchi la vallée d’un grand bond.

 

Au sujet des anciens noms de Saint-Georges : il faut relever le nom de Puech de Vernéjol donné anciennement au site de la Placette, pour lequel Vernéjol pourrait être le nom du vicus gallo-romain : un composé gaulois très connu signifiant proprement « la clairière du vergne, le champ du vergne », toponyme désignant donc un lieu riverain du Cernon.

 

Peut-être par le jeu du commerce des reliques, il fut-il de même pour Saint-Geniez-de-Bertrand (l’un des 4 Saint-Geniez de l’Aveyron) célébrant le saint arlésien, l’écrivain public du IVe siècle martyrisé pour sa foi.

 

 

Toponymie occitane et française

 

Après cette mise en perspective des pouvoirs locaux à travers les siècles, étudions les termes occitans qui, depuis le Moyen Age, émaillent la nature de termes qui en décrivent certains aspects.

Ainsi de la nature pétrée, avec les dérivés collectifs du roc : Le Roucan, la hauteur jumelle du Luzençon, d’un terme avec suffixe -am désignant le tas de rochers, le tas de pierres ; ou bien encore Les Roucarels, d’un collectif rocarèl, tas de rochers.

Quant à La Cathédrale, le nom de lieu désigne une hauteur rocheuse en fonction de sa forme élancée.

On observe de nombreux toponymes ayant trait aux hauteurs : ainsi de Cugues, féminin rare de cuc (d’origine préceltique mais ici perpétué en occitan moderne), au sens de « sommet, hauteur », désignant ici une croupe escarpée dominant de 300 m Saint-Geniez-de-Bertrand.

On aussi Les Mourrades : comme à Mounès-Prohencoux on a affaire à une croupe escarpée, ou bien encore un socle en étrave à Fondamente, où morrada désignant généralement une hauteur arrondie, est un dérivé de morre « museau ».

Au bas d’un versant du causse, Séral représente un dérivé en -al de serre, au sens de « ligne d’horizon » ou « étendue d’un versant ».

Le plus courant de ces noms de hauteurs est puèg ayant pour déterminant le nom du propriétaire ou du tenancier (Puech Bernard, Puech Imbert), une épithète avec Puech Gros au sens de « grande colline », plus haut de 24 m que Puech Bernard ou bien encore Puech del Pous, « la colline du puits » sur lequel nous reviendrons.

La petite colline, le petit puèg, est représentée par le diminutif Pouget sur le rebord du causse du Larzac et le pluriel Les Pougets, près de Craissac. 

Au sens de « hauteur » se rattache le nom de mont. Le Mont est un sommet, dominant Jarnac de 30 m et de 60, la vallée du Cernon.

La locution toponymique mont redon « mont rond » est attachée à trois types de réalité : sommet en dôme, sommet en plateau, replat de versant. Comme à Saint-Rome-de-Tarn, Belcastel ou Arvieu, Mont Redon qui domine Saint-Georges-de-Luzençon par le sud-ouest, appartient au 2e type (sommet en plateau).

En occitan, le versant est le travers : et donc le Travers de Caysset et le Travers Banc (où Banc est peut-être un vestige du nom prélatin de Mont Redon).

Sur ces versants, les murettes de pierre parfois demeurées en place, délimitent faissas et faissetas, d’où Les Fayssettes, bas de versant au sud-ouest du Luzençon.

Tirons un trait sur la riche oronymie que Saint-Georges-de-Luzençon partage avec tout l’Aveyron, avec les zones relativement planes : c’est le Plo de Raboul où le plan est un replat de versant entre Pougets et Fayssettes au sud-ouest de Craissac.

Quant à La Plaine, au nord-est de l’agglomération, elle désigne mal une zone de versant qui a sans doute hérité de la contigüité avec la partie bâtie du nord du village qui correspond mieux avec la topographie évoquée.

 

 

Grottes et avens

 

 

Au chapitre des grottes et avens dont la géographie caussenarde n’est pas avare, nous disposons des Grottes du Lavencou, grotte-résurgence dont le nom est associé à un petit aven (un avencon) qui donne également son nom à un ruisseau qui, 3 km au nord-ouest, détermine le nom de la ferme de Lavencas, se distinguant ainsi par le suffixe augmentatif.

Dans les Causses Majeurs, Martel connaît sous le nom du Lavencou le cirque sur lequel s’ouvre la grotte. Il est possible que à l’intérieur du cirque, la reculée où le ruisseau prend naissance ait porté le nom de l’avencon et que le nom de l’avencon ait été donné au ruisseau près de sa source et par conséquent aux grottes qui sont sur le site et que l’augmentatif l’avencàs ait été donné au cours inférieur du ruisseau (là où son étiage est à son maximum) générant le nom de la ferme de Lavencas qui est riveraine.

Il est vrai qu’il y a l’hypothèse du nom de l’ancien domaine gallo-romain Valentiacu donné parmi les possessions de la viguerie carolingienne de Saint-Georges. Cette forme a pu donner lieu à la métathèse v-l > l-v : Valensac > Lavensac, mais il semble laborieux de vouloir lui adjoindre parallèlement une métathèse sur un suffixe -ac par ailleurs fort connu où -sac devient -cas. Ce serait pour nous, dans ce cas de figure, le premier exemple connu de ce phénomène.

De plus, dans toute l’extension du territoire relevant de Saint-Georges, on ignore où se trouvait le domaine de Valenciacu porté dans le texte de 924 cité par André Soutou.

Il est vrai qu’en onomastique comme en toute science la vérité se cache sous des dehors trompeurs qu’ils soient attirants ou repoussants. Avec ma préférence toute naturelle pour mon hypothèse, je pense qu’il faut laisser au temps le temps de décanter quelque autre argument qui fasse pencher franchement la balance.

 

Les Crottes représente l’occitan cròta issu, comme le français « grotte » et l’ancien français « croute » du bas latin crupta sur crypta « souterrain ». En occitan, le terme désigne des caves en voûte et, sur le lieu, le toponyme doit désigner d’anciennes ruines de constructions en voûte.

Le toponyme Les Crotes se relève avec un seul t en tant que nom de hameau à Paulhe et de lieu-dit à Saint-Affrique (dans les montagnes au nord-est du rocher de Caylus) qui a aussi le Puech des Crottes.

 

Cluzel (Le) : le sens de clusèl « grotte à découvert », oriente ici vers la possibilité d’un abri sous rocher servant à entreposer provisions de bois ou matériel agricole. Toutefois M. Jean Delmas, s’appuyant sur la présence du toponyme Clusel dans un texte traitant de mines de lignite, suggère avec raison qu’il pourrait s’agir d’une ouverture de mine, d’un trou artificiel.

 

 

Combes et ravins

 

Nos vallons sont des combes : Combe de Vic, Combe Nègre (comba negra, combe noire, en relation avec la couverture boisée).

Le ravin, en français pour Ravin de Billac et Ravin de Villaret, est donné par Vallat de Fourniou, hydronyme que l’on retrouve avec le ruisseau de Fourniou, petit affluent du Cernon, coulant sur les communes de Saint-Affrique et Saint-Rome-de-Cernon, à environ 5 km au sud de la zone qui nous intéresse ; sans oublier le ruisseau de Fournon dans la commune de Taussac (dans le Carladez). Dans tous ces cas, si la racine forn- n’est pas évocatrice de l’encaissement, elle peut évoquer par fornon, fornion, l’ancienne présence d’un petit four, d’une petite forge, les fameuses forges dites catalanes ou martinets.

 

 

L’eau dans tous ses états toponymiques

 

D’une manière ou d’une autre, l’utilisation de l’eau sous tous ces aspects n’est vraiment jamais oubliée par la toponymie.

A Saint-Georges, Le Moulin Bas tirait partie de l’eau de la force de l’eau.

Au nord du village, La Fabrique désigne une ancienne briqueterie. A Servian, dans l’Hérault, le Fabrique est une ancienne tuilerie. Le terme français « fabrique » et occitan fabrica est un emprunt savant au latin datant du XIVe siècle : il avait originellement le sens de « fabrication : chose fabriquée, construction » et a muté, lors du XVIIe siècle, au sens de lieu de fabrication, établissement où s’exerce un artisanat. Chaque région a ses « fabriques ». Jean Arsac, dans Toponymie du Velay, cite des Tuileries qu’il qualifie d’usines.

Mayres

Outre le Cernon, trois ruisseaux irriguent la commune : le ruisseau de Vertède, le ruisseau de Lavencou et le ruisseau de Mayres. Ce dernier représente l’occitan maire, terme désignant proprement le lit d’un ruisseau. Ici le nom est demeuré au ruisseau et au lieu-dit. Il faut considérer ce terme dans une perspective agropastorale aujourd’hui oubliée, ou la maire est, par temps de fortes pluies, le collecteur de tous les fossés du lieu.

Au lieu-dit La Barque (connu chez Dardé en 1868), il s’agit de l’accès à l’eau en tant que voie de communication. Une barque à fond plat où le passeur s’aidant d’un câble traversant la vallée, donnait accès à la rive droite du Tarn, au village de Peyre. Al canton « Millau Ouest » ont trait au souvenir d’enfants de Peyre qui allaient, par ce moyen, à l’école à Saint-Georges. Il y avait un lieu-dit La Barque à Peyre, « au-dessous du village » et donc peut-être en vis-à-vis. Aguessac a aussi La Barque (nom de bâtiment), au bord du Tarn, entre la Sablière et Le Mas où l’embarcation faisait communiquer avec la commune de Paulhe.

L’eau des abreuvoirs est évoquée sur le Larzac au sud de Saint-Geniez, par Les Lacs qui, en occitan, désigne des mares aussi bien que de grands étangs. Quand on sait que « mare » français et « mer » ont une même racine, on ne s’étonne pas pour si peu. On retrouve le même nom de lieu à Mostuéjouls dans une même situation topographique : lieu encaissé près du cours d’un ruisseau non loin de sa source.

L’eau des puits avec Puech del Pous, également sur les hauteurs, près de Saint-Geniez, avec un puits sur son bas de versant nord-ouest.

 

La végétation

 

Après la pierre, l’eau, les arbres et arbustes sont très présents : La Blaque et La Blaquette évoquent le chêne pubescent qui est également représenté par La Roubière désignant le même chêne et non le rouvre qui, en français, est le chêne pédonculé.

Les Assalices du Roc des Assalices (au bord du Cernon) représente une variante salissa de la salessa désignant une variété de saule dans les La Salesse du nord-Aveyron (sans doute chez nous, une variété du saule blanchâtre communément appelé abicàs). Le a initial est issu de la mécoupure avec le a de l’article la : la salissa > l’assalissa.

Cadenous évoque par le dérivé en -ós le lieu où abonde le genévrier oxycèdre, celui qui se reconnaît avec les deux traînées dites de ski sur les aiguilles.

Quant aux Tilleuls, près de Lavencas, ils parlent par eux-mêmes.

 

Le domaine rural

 

Appelés vila / viala, vilar / vialar en ancien occitan, le domaine rural et parfois le hameau donnent lieu au diminutif Vilaret « la petite ferme, le petit hameau »

Un *vialga de l’ancienne langue dénonce pour Vialgues, une racine *villica « petite villa, petit domaine rural » et permet de restituer le sens de ferme en ancien occitan.

Enfin le mas de Mas de Guillou nous dirige vers le plus prolifique appellatif de la ferme dans la toponymie du Midi de la France.

 

Les noms des propriétaires ou tenanciers sont donnés par :

Les Brouzes

Brouzes sur le Larzac, métathèse de Bourzès, nom d’une famille de notables millavois connue depuis des siècles. Avec Borsés donnant Broses, on a ici affaire au déplacement bien connu du r dans formatge donnant fromatge. On peut aussi constater le déplacement d’accent tonique où la voix portant sur le é de la syllabe finale est passé sur la première syllabe (le nom de famille signifiant borgés = de la ville, prononcé bortzés dans le Ségala et l’Albigeois).

Carbon : le nom de famille Carbon est connu comme nom de notaire à Creissels, au XVIIe siècle. Il est néanmoins vrai que nous sommes dans une région productrice de lignite et qu’il est possible que l’on ait affaire à une ancienne exploitation de charbon.

Guillou de Mas de Guillou  ;

Rancurel  ;

et Vic de Combe de Vic.

 

Les dépendances de la ferme

Les dépendances de la ferme sont à envisager avec Les Aires, espace à tout faire (rassemblement des troupeaux, meules à dépiquer,…) près du hameau ou des bâtiments fermiers.

A la lumière de Cayssials de La Bastide-Solages, de Cayssiols d’Olemps (nom de l’hôpital), des Cayssats de Martiel, du Cayssas de La Couvertoirade et de La Cayssière de Verrières nous considérerons Caysset du Travers de Caysset comme dérivé diminutif de caissa au sens de « fermeture, enclos » déjà abordé dans notre Dictionnaire des noms de familles et noms de lieux du Midi de la France et plus précisé encore dans notre futur Dictionnaire toponymique de l’Aveyron. Toujours sous le même aspect, nous considérerons avec plus de difficulté Cayssac du Bois de Cayssac comme représentant d’un anthroponyme latin Cassius mais comme un dérivé occitan en -ac Caissac de caissa.

 

Les productions et terroirs

On a peu de notation des productions. Celle du lin, avec Linas dans la plaine du Cernon à sa confluence avec le Tarn, ancien Linars désignant des « champs de lin ». Il est utile de noter que les formes en -ars sont maintenues avec Linars des communes de Curières, Olemps, Le Truel, Vabre-Tizac et Asprières alors que le sud-Aveyron a les formes Linas (outre Saint-Georges, Brousse-le-Château et Saint-Sever-du-Moustier ont un Linas).

Peut-être doit-on considérer Les Ségalas sur le Larzac (en zone aujourd’hui boisée) comme terre plus favorable au seigle qu’au blé et, par conséquent terre plus pauvre. Mais on oscille ici entre le type de culture et le type de terre tel qu’on l’a, sur le causse même où la toponymie signale des lieux répondant au terrain de type caussenard tel que Le Causse au sud-ouest de Saint-Georges-de-Luzençon. Quant à Caussonus, il désigne en soi un petit causse, un petit entablement de rebord du causse du Larzac.

Au nord du lieu-dit Le Causse, Terre Blanque évoque sans mystère la terre marneuse blanche.

Quant à Terrefort, au delà du Luzençon, il désigne la terre argileuse, collante lors des périodes de pluies et dures durant la saison sèche.

Au sud-est de Ségonac, Campéras représente le dérivé occitan campairàs désignant l’étendue des champs.

Qaunt à la friche, entre Sargels et Le Bois Grand, elle est donnée par le nom de hameau de Virazels représentant un ancien occitan issu du bas latin vetericellum « vieille terre, friche ».

 

 

Le défrichement

 

Sénil : sans conviction, nous rapprocherons le toponyme Sénil de l’occitan cenilh « cendre » pour désigner un ancien défrichement par le feu. Notons encore Senils dans la commune de Brasc.

 

 

La limite

 

La limite du domaine rural, c’est la brò ou broa au sens de « bord, limite » (d’un gaulois broga, champ). C’est brò que l’on trouve avec Labro sur le rebord du plateau dominant Saint-Geniez-de-Bertrand. Cette brò se situait au niveau du passage entre deux rochers par où passe la route qui Saint-Geniez au plateau du Larzac : un passage assez étroit (la Bercadura, la brèche) pour contrôler les allées et venues.

On a aussi Le Brouas (brò avec suffixe augmentatif –às) au sud-est du Luzençon, qui représente également une zone limite.

 

L’habitat précaire et l’habitat résidentiel temporaire

 

Au premier se rattache Cabanous (au sud-ouest du domaine communal) qui a le même sens de précarité et de modestie de proportions que le moderne « cabanon ».

Il faut aussi prendre en compte La Roque qui n’évoque plus ici le château médiéval juché sur le rocher (la ròca) mais montre une utilisation particulière du terme pour désigner ici le rocher habité, l’habitat troglodytique.

Au second, se rattache Bel-Asile qui, en français classique, évoque une retraite de luxe, un lieu retiré, loin du monde, pour caractériser les demeures seigneuriales du XVI e au XX e siècle.

 

 

En conclusion

 

La toponymie de Saint-Georges répond de manière équilibrée à la toponymie générale de l’Aveyron (oronymie, usage de l’eau, végétation sylvestre, paroisses, toponymie féodale, bâti fermier, toponymie agricole, propriétaires, artisanat), et se distingue, d’une part par une importante toponymie d’époque gallo-romaine et, d’autre part, par sa prise en compte des grottes, avens et habitat troglodytique liés au relief caussenard.

 

Jacques Astor

15 septembre 2013