Disparition d'une mère de famille à Verrières à la fin du 19ème siècle

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Modérateurs : Patrick, CausseCh

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patric-boier
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Disparition d'une mère de famille à Verrières à la fin du 19ème siècle

Message : # 3498Message patric-boier »

Bonjour ! C’est une question un peu insolite que je vais poser aujourd’hui au sujet de la disparition inexplicable d’une personne vers 1876-1878.

En faisant des recherches systématiques sur la descendance d’un couple d’ancêtres (Pierre Boyer & Marie Geniez, mariés à Saint-Jacques de Salsac le 27/06/1712), j’ai trouvé entre autres à la cinquième génération, Pierre Jean Ségondy, cordonnier, né à Verrières le 13 juillet 1817, décédé à Verrières le 18 mars 1889. Pierre Jean Segondy s’est marié à Verrières le 30 janvier 1848 avec une cousine issue de germains, Marie Rose Ségondy, née à La Graillerie, même commune, le 7 février 1831.

Le couple donne naissance à neuf enfants entre 1849 et 1866, d’abord un garçon, décédé à l’âge de 4 ans, puis deux filles, puis deux autres fils, et encore quatre filles. Lors du mariage, en 1871 et 1874, des deux filles aînées, leurs parents sont tous les deux présents. L’aîné des fils survivants, cordonnier à Firmi, près de Decazeville, fait publier des bans en février 1880, mais il ne semble pas que le mariage ait eu lieu ; en tout cas, on n’en trouve trace ni sur les registres de Verrières ni sur ceux de Firmi, d’où la fiancée était originaire.

En juin 1883, lors du mariage du second fils survivant, lui aussi cordonnier, mais à Saint-Rome-de-Cernon, sa mère est absente, mais pas seulement au mariage : l’acte nous apprend qu’elle est « absente de son domicile depuis cinq ans ».
Je me demandais si, au cercle, vous aviez parfois trouvé des disparitions de mère de famille inexpliquées. Dans un contexte comparable : fin du XIXème siècle, communauté villageoise, femme mariée approchant de la cinquantaine, ayant eu au moins neuf enfants.

Evidemment, on ne sait rien de plus. Quelques indices donnent à penser que le ménage vivait plutôt chichement. Les filles sont placées domestiques très jeunes. La plus jeune meurt – à dix-neuf ans selon le rédacteur de l’acte, en réalité 17 ans et 10 mois – à l’hospice de Millau en juin 1884. Au recensement de 1876, elle est la dernière des filles (elle n’a alors que 9 ans) à vivre chez ses parents, avec l’aîné des frères qui a 22 ans et qui probablement exerce déjà son métier de cordonnier (C'est lui que l'on retrouvera à Firmi quatre ans plus tard). Les deux sœurs qui sont l’une dans sa 12ème et l’autre sa 14ème année ont déjà quitté la maison. A cause de la pauvreté de la famille ? ... pour une autre raison ?

Pierre Jean Ségondy meurt à Verrières le 18 mars 1889, sans que son épouse ait réapparu. Le 10 décembre 1892, Marie Pauline Ségondy, septième enfant du couple, « demeurant à Millau depuis vingt ans » se marie à Millau. Elle est alors âgée de trente ans, ce qui indiquerait qu’elle ait été placée dès l’âge de dix ! Voici ce que l’acte dit de sa mère : «[…] Ségondy Marie, sans profession, sans domicile connu, comme nous l’a affirmé par serment ladite Ségondy Marie Pauline, future épouse, ainsi que les quatre témoins bas nommés, conformément à l’avis du Conseil d’état du quatre thermidor an treize, que sa mère est absente de son dernier domicile connu depuis environ quinze ans, sans avoir donné de ses nouvelles et sans qu’on sache ce qu’elle est devenue, comme le constate l’acte de notoriété, en date du deux décembre courant, dressé par le Juge de paix du canton de Millau [...] »

Que faisait-on à l’époque ? une enquête ? des recherches ? Quelles traces pourrait-on trouver aujourd’hui des éventuelles constatations ou investigations faites au moment de la disparition, voire plus tard ? Quels éléments dans quelles archives pourraient encore nous donner des indications sur le contexte d’une disparition inexpliquée vieille d’environ cent cinquante ans ?

elisabeth
Messages : 235
Enregistré le : 11 janv. 2008, 20:40

Re: Disparition d'une mère de famille à Verrières à la fin du 19ème siècle

Message : # 3499Message elisabeth »

Bonjour Patrick.

Pas banale cette histoire :o

Je n'en ai pas encore trouvé de similaire.

Vous avez l'air d'avoir bien fouillé.

Pourquoi ne pas rechercher l'acte de notoriété du 2 décembre 1889 pour voir exactement ce qu'il disait ? Les archives du juge de paix du canton de Millau devraient avoir été conservées aux archives départementales.

C'est une famille ayant peu de biens, vous l'avez indiqué, mais il serait intéressant quand même de vérifier ce qu'ont relevé les hypothèques. Actuellement une campagne de numérisation puis de mise en ligne est en cours. Peut-être pourrons-nous y avoir accès prochainement. Nous en saurons plus lors de la prochaine AG où le directeur des AD doit nous renseigner sur les actualités et travaux en cours.

Bonnes recherches :)

Elisabeth Rouvier Pons

patric-boier
Messages : 10
Enregistré le : 28 mai 2018, 22:32

Re: Disparition d'une mère de famille à Verrières à la fin du 19ème siècle

Message : # 3500Message patric-boier »

Merci, Elisabeth, pour vos suggestions.

Si je n'habitais pas si loin de Rodez, j'irais volontiers fouiner dans les liasses des AD. Bon gré, mal gré, je suis obligé de me contenter de ce que je peux trouver en ligne. (Et ce n'est pas rien !) Pour la même raison de distance et d'hébergement, à quoi s'ajoute la "situation sanitaire", je n'assisterai probablement pas non plus cette année aux journées généalogiques, malgré ma très grande envie d'être parmi vous.

Je suis content que ma petite énigme vous ait intéressée. La disparition d'une mère de famille au 19ème siècle suscitait sans doute moins d'effervescence journalistique qu'au 21ème. Je me demande s'il y a eu le moindre entrefilet dans la presse locale. Le juge de paix n'a été saisi que quinze ans après la disparition, parce que, le père étant décédé, le consentement de la mère était requis au moment du mariage d'une des filles. Il est même douteux qu'il y ait eu ouverture d'une information judiciaire par le Parquet, ce qui aurait pourtant dû être le cas.

Nous voilà maintenant avec, sur les bras, deux disparitions dans la même famille (au sens large) : un arrière-grand-père de François Boyer, le père d'Hippolyte, notre forçat évadé du bagne (à quelque dix-sept mille kilomètres de là à vol d'oiseau), et une arrière-grand-mère de Pierre Jean Ségondy, l'époux de la disparue de Verrières, étaient en effet frère et sœur.

Cordialement,
Patrick Boyer
Modifié en dernier par patric-boier le 29 août 2021, 13:10, modifié 1 fois.

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