Mon fils me rappelle qu'il y avait autrefois une législation assez stricte en matière de choix des prénoms.
On en a beaucoup parlé dans les années 90, à l'occasion de la sortie d'une nouvelle loi en 1993 laissant aux parents le choix absolu. Si ce choix lui parait contraire à l'intérêt de l'enfant, le seul recours aujourd'hui pour l'officier de l'état civil est d'alerter à postériori le procureur de la République. Vous vous souvenez du fameux article du Parisien ? "appelez-moi Clafoutis"...
http://www.leparisien.fr/espace-premium ... 182111.php
Ce qui nous intéresse ici c'est la loi d'origine du 11 germinal an XI (1er avril 1803) qui fut en usage après la Révolution : sur le papier, le choix permis pour les parents se réduisait alors aux prénoms existants sur certains calendriers ou appartenant à des personnages historiques antiques.
Les prénoms "régionaux" n'ont été officiellement autorisés qu'à partir d'une instruction ministérielle du 12 avril 1966.
Mais cette loi de 1803 laissait en fait une certaine latitude aux officiers d'état civil pour l'acceptation ou non du prénom choisi. Même si le panel des prénoms effectivement utilisés était réduit, sous la loupe d'un examen attentif, suivant les personnes et les lieux, des disparités de traitement peuvent effectivement se rencontrer.
Cela peut expliquer le cas de notre petit "Benvenut" : alors qu'il était bien baptisé sous ce prénom et que son père s'appelait déjà comme cela, la personne chargée d'établir son acte de naissance officiel, en 1844, a certainement dû refuser d'utiliser ce prénom qu'elle ne comprenait pas.
En voulant en "franciser" l'usage, elle a cru bien faire en utilisant le prénom plus orthodoxe de "Benjamin" qui lui paraissait approchant, mais qui n'a pourtant rien à voir avec la signification réelle du mot.
Il est dommage de ne pas avoir pu conserver la mémoire de la réaction de la famille : ce prénom lui a-t-il été imposé ? L'ont-ils accepté facilement ? Ce qui est sûr à la lecture des registres c'est qu'il n'ont pas abandonné pour autant "Benvenut".
Plus tard, d'autres secrétaires de mairie ont été plus accommodants : ils ont accepté la traduction française "Bienvenu". Parfois, obligeamment, comme pour ne froisser personne, ont accolé "Benvenut", "Bienvenu" et "Benjamin" ...
Après tout la famille avait dû s'habituer à l'usage du prénom de Benjamin.
Bonnes recherches