Bandeau
Cercle Genealogique de l’Aveyron
Slogan du site
Descriptif du site
Le CHATEAU de PEYRELADE
ETYMOLOGIE, ORIGINE, PHOTOGRAPHIES et IMPLANTATION
Article mis en ligne le 4 mars 2024
dernière modification le 12 mars 2024

par Suzanne BARTHE

Lors de précédents articles, dans la rubrique AU FIL DES ACTES, il nous est souvent arrivé d’évoquer les seigneurs ou co-seigneurs de Peyrelade. Il nous a donc semblé opportun de vous proposer quelques éléments sur cette seigneurie ainsi qu’une liste synthétique des familles féodales.
Le château de Peyrelade est de nos jours en ruines. Les vestiges de cette forteresse médiévale se dressent sur la commune de Rivière-sur-Tarn.

ETYMOLOGIE

On a le plus souvent aligné le nom de Peyrelade aveyronnais sur d’autres Peyrelade (Peyralade, de la commune de St-Saturnin dans le Cantal, site de ruines d’un château), Pierrelatte, chef-lieu de canton de la Drôme (Petra lata en 1136), dominé par un grand rocher porteur des traces d’un château ; ou bien encore Ladepeyre dans la Creuse (Lada Peira vers 1350) et Ladepeyre de la commune du Viala-du-Tarn (Aveyron).

Lat, lada est une épithète de l’ancien occitan signifiant « large », parallèle à l’ancien français lé, let, lede au féminin, du latin latus de même sens.

Cet adjectif, courant en composition avec pèira, pierre, se retrouve avec d’autres appellatifs : avec font, source, dans Fonlade avec via, voie dans le nom de famille Ladevie, connu comme lieu-dit du Lot.

Le composé toponymique pèira lada / lada pèira y désigne soit le grand rocher à plate-forme supérieure relativement plate et de surface assez étendue pour offrir une assise à un château, soit la surface tabulaire d’un dolmen.

André Soutou, dans « Le nom de lieu Peyrelade, commune de Rivière-sur-Tarn (Aveyron) » dans les n° 25-26 de La Nouvelle Revue d’Onomastique, a mis un frein à l’expansion des produits de lata latin en constatant la graphie lapta dans un acte de 1147 (petram laptam) pour Peyrelade de l’Aveyron, dans les Plus anciennes chartes en langue provençale de Clovis Brunel. Cette forme ancienne trouve un écho avec Peira Lapta de 1180 et 1200 de Pierrelatte de la Drôme. L’auteur y voit avec juste raison le latin lapta, répondant en bas latin, au classique lapsa, tombée, participe passé de labor « tomber ». Epithète inconnue des générations successives de scribes, elle fut comprise, dans les deux cas, comme représentant le latin lata.

L’auteur interprète lapta, tombée, comme désignant l’éboulement rocheux à l’origine des fameux conduits d’air naturels (les fleurines) permettant l’affinage de fromages au lait de vache à la manière de Roquefort. L’hypothèse est séduisante, mais demanderait à être vérifiée à Pierrelatte ; ce qui n’est pas le cas.

A notre avis, le sens de « (pierre) tombée » est à considérer sous l’acception de « pierre détachée, pierre isolée ». Et c’est bien le dénominateur commun des rochers de Peyrelade et de Pierrelatte ; le premier se détachant en forme de proue visible à des kilomètres à la ronde ; le second étant un rocher isolé dans la plaine.
Par Jacques ASTOR que nous remercions

LES ORIGINES du CHÂTEAU DE PEYRELADE

Ce fut l’une des forteresses les plus importantes du Rouergue par sa situation stratégique (contrôle des gorges du Tarn). Cette forteresse existait dès le XIIe siècle. Elle fut le théâtre de luttes et de sièges incessants jusqu’en 1633, date à laquelle elle fut démantelée, comme bien d’autres châteaux, sur les ordres de Richelieu.

Ses ruines donnent une idée de ce que fut la forteresse :

  • enceinte extérieure de plus de 250 mètres de long pour une hauteur de 10 mètres et une largeur de 2,10 mètres.
  • L’ensemble est dominé par le rocher-donjon de plus de 50 mètres de haut, accessible grâce à une tour ronde [1]. qui lui est adossée.
  • Le château a conservé tous ses dispositifs défensifs du XVe siècle. [2]

De la guerre de Cent Ans, aux guerres de Religion, en passant par les assauts des routiers, Peyrelade était très convoité des seigneurs qui se la partageaient en co-seigneurie (jusqu’à quatre simultanément). [3]

Jusqu’à la Révolution, Peyrelade fut le chef-lieu d’un mandement de ce nom qui avait à peu près les mêmes limites que la commune actuelle de Rivière-sur-Tarn.

Extrait de l’ ATLAS DU ROUERGUE à la VEILLE de la Révoluion française
© Carte de Jean-Yves BOU

On peut y voir encore la place où se faisait l’élection des consuls ou syndics, et la croix de pierre sur laquelle ils prêtaient le serment requis en cette occasion.

En 1480, Peyrelade comptait de 70 à 75 maisons, en plus de plusieurs "masures".

Le CHATEAU de PEYRELADE en IMAGES

Merci à Christian CAUSSE pour ce reportage que vous trouverez en cliquant ici

IMPLANTATION du CHATEAU DE PEYRELADE

« Le spectacle pittoresque qu’offre encore Peyrelade le rend digne d’être visité. Placé, comme son nom l’indique (Petralata), sur un rocher très étendu, et dont l’une des extrémités domine le Tarn, au nord-est de Rivière, ce château était entouré d’une triple enceinte de murs occupant toute la largeur du rocher, lequel dans le sens de sa plus grande dimension, présente des chemins couverts, taillés au marteau ; et à son extrémité, du côté de la rivière, avait été élevée une chapelle1 servant d’avant poste. » [4]

On entrait dans la première enceinte par deux grandes portes, l’une appelée le Portail de la Fontaine, dont il ne reste plus aucun vestige, et l’autre, le Portail de Boyne, qui subsiste encore en entier, et qui était défendu par un pont-levis. Des tours crénelées, dont deux sont encore debout, étaient placées dans le voisinage, pour défendre l’entrée de la place. Dans la deuxième enceinte, on voyait un corps de garde, séparé par une épaisse muraille d’une vaste place d’armes qui se trouvait à côté.

« Indépendamment de l’immensité de ce fort, qui exigeait pour sa défense de cinq à six cents hommes, ce qui lui donne un aspect formidable et tout à la fois extraordinaire, c’est que, vers le centre, et au dessus du rocher qu’il occupe, s’en élève un autre, haut d’environ 50 mètres, formant un trapézoïde renversé, au sommet duquel il serait impossible d’arriver sans une tour qui y est adossée, et où l’on n’entre que par une seule porte, placée à moitié de la hauteur, porte qui était également protégée par un pont-levis. Le plateau entouré d’un mur qui couronne le rocher intérieur, était pour les assiégés d’un asile assuré. On y voit encore, outre un four et une citerne, les débris d’un second corps de garde et d’un beffroi d’où une cloche d’alarme convoquait, au moindre danger, les habitants des campagnes voisines. On demandait, au besoin, des secours aux châteaux de Caylus et de Luganhac, placés en vue de Peyrelade, et qui en dépendaient. » [5]

Au commencement du XVIIe siècle, Peyrelade eut le sort de beaucoup d’autres châteaux. Les troubles et les guerres religieuses renouvelées sous le règne de Louis XIII, dans le Rouergue et dans le midi de la France, avaient fait sentir la nécessité d’anéantir ces forteresses féodales qui, à chaque occasion, devenaient les boulevards de la révolte. Richelieu frappa ce grand coup. Les forts de Caylus, Compeyre, de Peyrelade, furent successivement détruits. La démolition de ce dernier eut lieu en 1633.

De cet immense fort il ne reste aujourd’hui que quelques pans de murailles où croissent des mousses et plantes grimpantes.

« Dans ces murs, animés jadis par le bruit du tocsin, par le tumulte des armes, par la voix de la sentinelle et par la présence de vaillants donzels, on n’entend plus que les cris de l’hirondelle et des éperviers qui volent en rond au-dessus des ruines, ou seulement, et par intervalle, les pas solitaires de quelque paysan qui sort comme une ombre d’une vieille masure. »

LES FAMILLES FEODALES


Ces familles vous seront proposées dans un prochain épisode

Bonne lecture !!!