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LE CIMETIERE DE NANT (AVEYRON)
Article mis en ligne le 23 février 2024
dernière modification le 24 février 2024

par Monique et Alain BONNEMAYRE , Suzanne BARTHE

Nos amis Monique et Alain BONNEMAYRE, intéressés par l’histoire du patrimoine de Nant, nous proposent ce nouvel article sur l’histoire du cimetière du bourg de Nant.

Porche du cimetière de Nant portant la date de 1850.
© Photographie Monique et Alain BONNEMAYRE

L’histoire du cimetière.

La fin du chapitre en 1777 va libérer l’église Saint-Pierre qui, d’église abbatiale, deviendra petit à petit l’église paroissiale de Nant vers 1785-86 au détriment de l’église Saint-Jacques.

Grâce aux archives, aux registres paroissiaux ou aux fouilles archéologiques, on sait qu’autrefois les défunts étaient enterrés dans plusieurs endroits :

  • dans l’église Saint-Pierre,
  • dans le cimetière des moines derrière le chevet,
  • dans le cloître de l’ancienne abbaye de Nant,
  • dans l’ancienne église et le cimetière de Saint Jacques,
  • dans la chapelle des Pénitents Blancs, pour ce qui concerne le bourg.

Le 22 février 1808, le conseil municipal, légalement convoqué a délibéré ce qui suit :

« Que le lieu des sépultures de la paroisse de Nant, placé au milieu du Faubourg-Haut n’est éloigné que de huit mètres environ des maisons dudit faubourg, ce qui est contraire à l’arrêté du gouvernement du 7 germinal an 9 dont le décret impérial en date du 23 prairial an 12 a ordonné l’exécution. Le maire a observé de plus qu’il était d’autant plus urgent du changement dudit cimetière que le canal qui en baigne les murs sert de boisson à la majorité très grande des habitants de la ville, qu’il y a communication entre les cadavres qui sont enterrés et l’eau du canal, attendu qu’en faisant les fosses on rencontre assez souvent l’eau à un mètre de profondeur ; la dite communication est d’autant plus certaine que toutes les fois qu’on tarit l’eau, on voit suinter dans l’eau du canal des matières jaunâtres ou noirâtres, qui découlent du cimetière dans le canal ».

Un décret impérial en date du 3 septembre 1809, accorde à la commune l’ancienne église Saint-Jacques pour être vendue et les fonds employés à réparer l’église paroissiale Saint-Pierre. Le conseil considère « qu’on sera obligé de changer le cimetière qui est déjà trop petit ».

Le 4 mai 1810, les suintements du cimetière paraissent oubliés, on veut supprimer l’église Saint-Jacques et utiliser son emplacement pour agrandir le cimetière.

La vente de ladite église aura lieu, après les publications préalablement faites ainsi que les affiches, en juillet 1810. La dite église sera vendue aux enchères à la personne qui fera la condition meilleure aux clauses et conditions. La vente sera faite devant maître Fadat notaire.

Le 8 juillet 1810, déclaration de M. Bernard Guieysse qui soumissionne et offre la somme de 6000 francs pour l’église qu’il va transformer en grange.

« … pour l’église Saint Jacques… je soumissionne et offre de ladite église telle qu’elle est la somme de six mille francs pourvu qu’il soit permis de faire la porte d’entrée à l’est de ladite église avec un passage de sept mètres de large… » signé Guieysse.

Lettre adressée le 21 octobre 1810 à M le préfet du département de l’Aveiron du maire et de ses adjoints de la ville.

« Il a dû vous parvenir l’extrait du contrat de vente de l’église Saint Jacques. Il était expressément défendu de creuser soit dans le cimetière soit dans l’église où l’on enterrait il n’y a pas deux mois. Cependant au mépris de ces conditions, le nouvel acquéreur, M. Guieysse, se fait un jeu d’y creuser, il emporte même la terre dans les champs, qui en ce moment ci sont couverts d’ossements ; indépendamment du méphitisme qu’il doit s’exhaler de ces excavations, toute la ville murmure de la conduite du dit individu, il se moque de tout. » Signé : Cantobre, Bouty….

A la séance du 9 août 1835  :

Considérant que des ossements y sont entassés et que le fossoyeur éprouve de grandes difficultés pour y creuser des fosses… le conseil est d’avis qu’il est urgent d’abandonner le cimetière, et de le vendre ou échanger…

Le 7 août 1842, les conseillers municipaux sont d’avis, à la majorité de 13 voix contre 7, que le terrain pour un nouveau cimetière soit pris dans la partie inférieure d’une pièce de terre appelée la Grange donnant sur le Vialaret (route de Millau) et appartenant M. Antoine Foussat, et de M. Sauclières d’une contenance de trente ares. Le 5 août 1849, les fouilles sur ce terrain ont prouvé l’existence d’une source à 40 cm de profondeur, il est nécessaire de chercher ailleurs un autre emplacement.

Considérant l’urgence de placer hors de la ville le cimetière le Conseil désigne

« pour emplacement le haut de la pièce de terre appartenant à M. Arcis François, géomètre, tenant du nord au chemin dit la Calade, du midi à la grande route n° 99, du couchant idem et du levant à une grange et aire sol du sieur Malzac, lequel emplacement a une situation convenable, fixé à quarante ares la contenance du terrain à acquérir. »

Le conseil autorise M le maire à négocier l’acquisition dudit terrain.

Nouveau cimetière dans le haut de la terre de M. Arcis. (Route des Liquisses).

Le Conseil, réuni le 16 septembre 1849, est d’avis d’acquérir dudit M. Arcis les quarante ares du terrain au prix de 4200f et approuve le plan et le lieu. 6710f, doivent être ajoutés les frais d’actes et d’enregistrement et des intérêts jusqu’à parfait paiement. Approbation de l’acte de vente sous seing privé entre le maire Jules de Barbeyrac Saint Maurice et M François Arcis, géomètre, domicilié à Nant,

L’acte de vente sous seing privé entre le maire et M. Arcis, géomètre domicilié à Nant, est approuvé le 11 août 1850. Il est probable que, à ce moment là, les familles les plus aisées de Nant ont fait transporter au nouveau cimetière les restes de leurs défunts en même temps que les pierres tombales, ce qui explique des dates antérieures à 1850, date de la création du nouveau cimetière, des familles Bouty, Bruguière, Icher de Villefort, Izarn de Freissinet, par exemple. Les ossements des plus humbles furent transportés au nouveau cimetière le lundi de Pâques 1861.

Une pierre tombale de 1848.
© Photographie Monique et Alain BONNEMAYRE

Le conseil, le 8 août 1852, est d’avis qu’une place soit établie sur l’emplacement de l’ancien cimetière de la ville de Nant en avant de l’ancienne église Saint-Jacques et que les autres parties du dit ancien cimetière soient vendues ou échangées.

Vue générale de la place St-Jacques aujourd’hui.
Le canal longeait les maisons, il est depuis recouvert de dalles béton.
© Photographie Monique et Alain BONNEMAYRE

Dès 1896, le cimetière se révèle trop petit et il est agrandi par une parcelle achetée à M. Clamens, on se retrouve dans la même situation en 1920, où la commune achète encore 18 ares de terrain à Mme Calvet.

Sur cette place, M. Guieysse [1]fit construite un escalier pour accéder au plancher qu’il avait fait faire dans l’église, pour y stocker des noix, du fourrage qui, par les ouvertures de fenêtres gothiques, dépassait comme « une barbe ».

A la place actuelle des poubelles se trouvait le ferradou ou travail.
© Photographie Monique et Alain BONNEMAYRE

Le sieur Rouvier, en 1894, maréchal-ferrant, est autorisé à établir dans l’angle de l’escalier « une machine à ferrer » les bœufs, bail renouvelé pour « l’encastre », mais diminué de moitié prix. Puis plusieurs maréchaux-ferrants se sont succédé, Paul Balitrand, Gustave Valez, Albert Graille, Edouard Cayzac jusqu’à Bernard Cayzac, en 1961, date à laquelle le bail de 9 ans a été consenti par la mairie au prix de 5NF/an.

« Autour de l’église St-Jacques, en contre-haut de la route, à la hauteur du 1er étage se trouvait le cimetière dans lequel furent enterrés nos aïeux. Dans mon enfance ce cimetière n’était pas encore désaffecté. De la fenêtre de la cuisine nous étions aux premières loges pour assister aux cérémonies funèbres. Autour de l’église, diverses parcelles furent vendues à des particuliers pour y construire leurs habitations. Pour établir les fondations, d’innombrables ossements furent exhumés, les enfants du village venaient y jouer et souvent manipulaient des crânes. Heureusement le nouveau transfert du cimetière mit fin à ces jeux macabres ».

Souvenirs d’Edmond Bouty, qui habitait le Faubourg-haut, rapportés par Madame Françoise Sauveplane, née Bouty. (Edmond Bouty dans « Nant, des femmes… des hommes… et leurs racines… » Page 284).

En 1854, la population de la commune est de 3038 habitants.

Le 17 août 1884, le conseil municipal informe qu’il faut prendre des mesures plus sévères sur l’hygiène publique, à cause de l’approche du choléra, choix d’un local isolé, la ferme des Cazelles, dans la vallée du Durzon.

Monique et Alain BONNEMAYRE